mercredi 4 janvier 2017

corrigé de la synthèse n° 3 : copie d'étudiant



   La raison humaine déteste l´incertitude. Nous ne cessons de vouloir prédire avec certitude ce qui se produira, connaître à l´avance ce que sera l´issue d´une de nos initiatives ou le terme d´une entreprise dans laquelle nous sommes impliqués. Parce que nous nous sommes convaincus que, dans le réel, « rien n´est sans raison », selon la formule donnée par Leibniz au principe de raison. On se demande alors comment s’explique le hasard extraordinaire. Pour répondre à cette question, nous allons d’une part faire une description de certains faits extraordinaires dus au hasard, qui sont évoqués dans ce corpus, d’autre part nous expliquerons ces faits et leurs sens.
   Tout d’abord, on peut penser que le tirage de dix dés, ne donnant que des chiffres six, est plus extraordinaire qu’un tirage donnant une quelconque suite de chiffres, alors qu’en vérité, les probabilités de réalisation de ces deux faits, évoqués par intra-science.com dans « Les coïncidences sont-elles dues au hasard ? », sont identiques. Ce même site internet explique aussi le fait de tirer à pile ou face, ces cas sont équiprobables et donc seule la situation A paraît possible, les autres paraissent extraordinaires, comme la B où l’on ne tire que des faces les 6 premiers essais, puis que des piles durant les derniers essais. D’ailleurs, Antoine-Augustin Cournot montre aussi cette idée faussée de l’extraordinaire, dans Matérialisme, vitalisme, rationalisme, car selon lui, un gros gain d’argent à un tirage de loto ou autre, ne sera remarqué que si la personne gagnante est pauvre ou riche. Autrement dit cela ne paraitra pas extraordinaire si cette personne faut partie de la classe moyenne. On peut rencontrer toute sorte de coïncidence dans la vie de tous les jours, comme elles sont évoquées par Jean Moisset dans « Mystère des coïncidences ». Ainsi il peut nous arriver de rencontrer une connaissance en vacances, ou  de nous rendre compte que l’on a un ami en commun avec l’inconnu avec qui on discute, ou qu’une personne nous appelle alors qu’on pensait justement à elle à ce moment. D’ailleurs René Char raconte une coïncidence semblable à celle-ci, dans son récit Recherche de la base et du commet. Cet auteur, alors qu’il vient de terminer le jour même le poème « Madeleine à la veilleuse », rencontre une jeune femme nommé Madeleine. Jean Moisset nous fait part d’autres faits extraordinaires équivalents : un mot prononcé et entendu au même moment à la télévision, une succession de faits heureux ou malheureux (période de chance ou série noire), ou une suite de plusieurs accidents communs le même jour. La répétition de faits imprévus et semblables, le fait de manger le même plat chez différentes personnes à différents endroits sur des jours successifs, le tirage d’un même numéro au loto plusieurs fois à la suite (sérialité dans le temps) ou le tirage de plusieurs numéros voisins (sérialité dans l’espace). Il évoque un dernier exemple d’un fait extraordinaire, où il pense à son médecin parisien qui l’avait soigné d’une arthrose cervicale à l’époque où il habitait à Paris, et qu’il rencontre ensuite à Nice, une heure après cette pensée, ce qui fait déjà une coïncidence. De plus il le rencontre sur l’avenue Jean Médecin. Antoine-Augustin Cournot évoque le fait d’une tuile qui tombe d’un toit, et que l’on passe à ce moment précis ou pas, cette tuile tombera, et si alors les causes font que l’on doit passer, alors cette tuile nous tombera dessus.
   On a décrit les faits extraordinaires dus au hasard, évoqués dans ce corpus. Nous allons maintenant voir les sens du hasard extraordinaire. On peut d’abord remarquer une première explication de ce hasard extraordinaire ; certaines personnes, qui ne comprennent pas le hasard, associent ces faits incroyables à la chance ou à une fatalité. Cette impression peut être expliquée par des causes psychologiques, notre représentation altérée du hasard détourne notre capacité à comprendre, c’est une conception erronée du hasard selon le site intra-science.com, et cela explique le fait qu’on pense que des probabilités ne sont pas équiprobables, car certaines paraissent extraordinaires et d’autres non, alors qu’en vérité les probabilités sont les mêmes. On recherche alors des causes comme le confirme Antoine-Augustin Cournot, car l’Homme cherche des raisons à tout. Le hasard exprime une idée présente dans le fonctionnement du monde, dans des faits observables, d’après lui. Jean Moisset nous évoque aussi cette idée, les coïncidences observées dans ces faits extraordinaires sont observables dans la vie quotidienne de temps en temps, mais peuvent être aussi expliquées par des probabilités, comme l’explique d’ailleurs le site intra-science. Cette idée du hasard dépasse l’intelligence humaine d’après A.-A. Courront, c’est le croisement de chaînes ou de séries de causes, que nous ignorons, comme l’évoque aussi le site intra-science.com, d’après lequel cette idée découle des causes cérébrales. Ce premier sens du hasard extraordinaire est donc rationnel et explicable par des causes comme le ferait un scientifique. Il y a un second sens à ce hasard extraordinaire, car on ne croit pas toujours qu’un fait incroyable est aléatoire selon « Les coïncidences sont-elles dû au hasard ? ». En effet, certains pensent que certains faits sont dus à quelque chose de plus fort que l’on ne peut expliquer, comme on peut le remarquer dans l’œuvre de René Char, où la rencontre fortuite avec Madeleine est selon lui assimilable à quelque chose de divin, de supérieur. On rencontre alors des coïncidences indéfinissables dues à quelque chose de mystérieux, le destin, aussi appelée synchronicité d’après Jung, dans le texte de Jean Moisset intitulé « Mystère des coïncidences ». Cette synchronicité a du sens selon lui, elle est signifiante. C’est une coïncidence dans le temps sans lien de cause entre des faits extérieurs et l’état mental comme le montre Jean Moisset dans son exemple de fait.
   Nous avons donc vu les différents faits évoqués dans ce corpus. Il existe donc deux sens du hasard extraordinaire : il est ordinaire et observable car ce sont de simples coïncidences explicables par des probabilités ou des causes ordinaires. On peut aussi dire que ce hasard est quelque chose qui nous dépasse, que l’on ne peut expliquer, et que l’on appelle le destin.

Corentin Gelé, Bât. 2