mardi 31 janvier 2012

Fiche sur le film L'Enfer du dimanche d'Oliver Stone

Any given Sunday (L’Enfer du dimanche) d’Oliver Stone, 1999.

Le titre du film est L’enfer du dimanche. C’est un film américain écrit et réalisé par Oliver Stone. Il raconte l’histoire d’une équipe de football américain professionnel et de son entraîneur. L’équipe des Miami Sharks est en grande difficulté, et le célèbre entraîneur d’Amato est remis en question après vingt ans de bons et loyaux services. La blessure de leur capitaine et quaterback vedette n’arrange rien. Un jeune joueur, Beamen, le remplace et commence à faire changer les choses. Il fait gagner les Sharks et révolutionne leur jeu. Sa popularité augmente et son ego avec. Mais ce changement plait à tout le monde sauf aux autres joueurs, qui passent au second plan, ainsi qu’au coach avec ses méthodes à l’ancienne. Beamen se retrouve alors au somment de sa gloire avec le soutien des dirigeants qui souhaitent moderniser le club, mais en conflit avec ses coéquipiers et son entraîneur. Cependant, à la fin du film, Beamen et son entraineur finissent par laisser de côté leur différend pour faire gagner l’équipe en oubliant l’intérêt personnel au profit de l’intérêt collectif.
A travers ce film, Oliver Stone nous montre les dessous du football américain professionnel, l’importance de l’argent entre autres qui peut faire oublier le but premier de ce sport et du sport en général : l’esprit d’équipe, le fair-play, la victoire. Le goût de l’argent peut même pousser à mettre en péril la santé ou la vie des joueurs. Les enjeux financiers sont si importants qu’ils exercent une très forte pression à tout niveau aussi bien sur la présidente que sur les municipalités, les entraîneurs et les joueurs. Mis à part l’argent, le film met en évidence la violence, la drogue, la concurrence et la rivalité qui peut être présente au sein d’une équipe professionnelle.
Le film propose une morale : l’équipe ne peut gagner sans être unie et soudée, elle gagne grâce à la solidarité sur le terrain et en dehors.




Les étudiants de BTS BAT1

lundi 2 janvier 2012

Corpus de synthèse sur le sport et la violence :

I. Vous ferez une synthèse concise, objective et ordonnée des documents suivants :
Document 1 :

Votre ado est un peu trop agressif et vous envisagez de l’inscrire au tennis pour le calmer ? Vous risquez de le rendre encore plus combatif ! C’est ce que souligne Luc Collard, chercheur à la Faculté des sciences du sport de l’université de Picardie, et auteur du livre Sport et agressivité. Selon lui, la pratique sportive prône l’usage de la force et de l’intimidation. Il nous dévoile le revers de la médaille…
Doctissimo : Pourquoi les ados sont-ils attirés par le sport ?
Luc Collard : Avant tout, il faut préciser le terme sport, sous lequel on regroupe de nombreuses pratiques différentes. Mais je suppose que vous voulez parler de son acception la plus forte, celle prônée par Pierre de Coubertin à travers les Jeux olympiques : une activité physique, avec des compétitions réglées, par le biais de fédérations. Dans ce cas, je vous répondrais que les jeunes et ados n’aiment pas tant le sport que ça ! Ils préfèrent les activités libres, dans la rue ou la nature, où l’on peut s’extraire du jeu et y revenir quand on veut. Quel ado aujourd’hui va demander une hiérarchie et des règles contraignantes ? D’ailleurs on le voit avec le développement d’activités telles que le skate ou le roller… Les jeunes inventent leurs propres activités, et les fédérations essaient souvent de les récupérer. Du coup, ils se tournent vers d’autres pratiques…
Doctissimo : La pratique d’un sport permet-elle de faire baisser l’agressivité, comme on le prétend généralement ?
Luc Collard : Dans son aspect purement physiologique, la pratique d’un sport va permettre effectivement une purge énergétique. Mais les psychologues savent bien que la fatigue n’est pas nécessairement synonyme d’apaisement… c’est même souvent le contraire ! Le modèle sportif, qu’il s’agisse de la boxe ou du ping-pong, exalte l’opposition et la recherche de domination. Les conduites douces et gentilles sont rarement pertinentes dans l’univers des sports. En Europe, les sports privilégiés sont ceux qui mettent en jeu des « duels » : individu contre individu ou équipe contre équipe. Car l’origine du sport tel que nous le connaissons aujourd’hui remonte à l’Angleterre du 18e siècle, où des compétitions étaient organisées entre les écoles privées. C’est le type d’affrontement dichotomique primaire que l’on retrouve dans le règne animal, pour déterminer le dominant et le dominé. Ce que l’un gagne, l’autre le perd ! Il n’y a pas de place pour les seconds… L’hypothèse que je défends dans mon livre (à travers de nombreuses expériences chez les jeunes et les sportifs) est que le sport procède à un véritable façonnage de l’agressivité.
Doctissimo : Mais le sport prône aussi des valeurs, pour plus d’égalité, d’éthique et de respect ?
Luc Collard : Bien sûr, il existe des valeurs très nobles dans le sport. Normalement, il y a une égalité des chances, puisque les affrontements se font avec des personnes de même niveau ou catégorie, les règles sont scrupuleusement respectées, etc. Parmi les nombreux intérêts éducatifs du sport - développement des capacités de décentration et d’intelligence motrice, acception de règles collectivement partagées, développement des qualités physiques et de certaines capacités cognitives, découverte de son statut socio-affectif au sein d’un groupe, etc. - il ne me semble pas recevable d’y ajouter l’atténuation de conduites agressives.
Le sport est le reflet des valeurs de notre société. Or aujourd’hui, ceux qui s’en sortent le mieux dans la vie sont ceux qui sont les plus agressifs, et qui profitent de la peur des autres pour s’imposer. En clair, ce sont ceux qui ont une mentalité de "battants". Le sport prône simplement ces vertus valorisées par notre société.
Doctissimo : Pourtant, on cite souvent comme solution dans les banlieues difficiles les activités sportives telles que les sports de combats. Vous pensez que ce n’est pas efficace ?
Luc Collard : Prétendre à l’atténuation de l’agressivité par le sport est probablement une erreur. D’ailleurs, dans de nombreuses villes où cela a été mené, on a vu la délinquance au mieux stagner, au pire augmenter. Et lorsqu’on interroge les jeunes qui participent à ces programmes, il apparaît qu’ils pratiquent ces sports la plupart du temps… pour apprendre à se battre !
Doctissimo : Donc selon vous il ne faut pas inscrire ses enfants au sport ?
Luc Collard : Je n’ai jamais dit cela ! Il faut simplement avoir un regard réaliste sur la pratique sportive. Si les parents veulent donner à leurs enfants des armes et des réflexes pour arriver dans la société, en faire des "battants", le sport est une bonne école. Mais s’ils veulent favoriser chez leurs enfants des valeurs d’altruisme et d’échange, et leur apprendre à respecter les points faibles de l’autre et leurs propres points faibles, ce n’est peut-être pas là qu’il faudra chercher.
Doctissimo : Echange, coopération et altruisme sont donc incompatibles avec activité physique ?
Luc Collard : Pas forcément. Prenez l’exemple de l’éducation physique, enseignée dans les collèges et lycées. Elle s’est démarquée très tôt du sport en tant que tel, pour favoriser le développement des conduites motrices (maîtrise de soi, habiletés en situations inhabituelles, etc.) plutôt que la performance pure et dure. Les séquences d’éducation physique sont souvent des activités mélangeant filles et garçons, de niveaux et de motivations très hétérogènes ; il devient impossible de faire du sport au sens fort du terme. Les pratiques corporelles ne se limitent pas au sport. Il y a des dizaines de jeux dont la logique interne ne privilégie pas l’opposition simpliste en miroir. Et de nombreuses activités, à l’école et en dehors, favorisent ainsi d’autres aspects que l’individualisme et l’agressivité : rafting, plongée sous-marine… et globalement toutes les activités de plein air basées sur la coopération, des activités que l’on retrouve dans les stages "nature" par exemple.
Propos recueillis par Alain Sousa

Document 2 :

Décembre 2005. La France vient de passer un mois à voir des voitures brûler, des cités s’embraser. Les questions surgissent : comment en est-on arrivé là ? Qui est responsable ? Que faire ? Il faut réagir. Un grand plan, et vite. On y mit ce qu’on pouvait, dont du sport. 20 millions d’euros de plus pour l’investissement sportif dans les quartiers difficiles. Une mesure de l’ordre du symbolique qui porte les crédits du Centre national de développement du sport, nouvellement créé, à 236 millions en 2007 (dont 120 millions d’euros sur trois ans pour un Plan national de développement du sport). Mais même symbolique, cette rallonge en disait long sur la rescousse idéologique que pouvait apporter le sport dans la lutte contre la délinquance dans les quartiers. Il ne fallait pas douter, montrer le chemin, et répéter, encore et toujours, l’évidence : le sport guérit la violence. Pourtant, au même moment, dans une étude intitulée « Plus de sport, plus de délinquance chez les jeunes », Sébastian Roché, directeur de recherche au CNRS, s’attaque à cette hypothèse. Non seulement ce n’est pas le cas, conclut-il, mais c’est souvent l’inverse qui est constaté : la proportion de délinquants est deux fois plus élevée chez les jeunes pratiquant une activité sportive). « Ce qu’il faut retenir de cette étude, c’est que le sport n’est pas un outil de prévention de la délinquance, explique M. Roché. Au contraire, c’est un des facteurs de la violence. Pas le seul, mais l’un d’entre eux. Arrêtons donc de le considérer comme un outil de prévention de la délinquance, et restons-en à le considérer comme un loisir de santé et de plaisir. » Le sport n’aurait-il au moins pas le mérite de lutter contre l’ennui dans les quartiers ou d’ « occuper » des jeunes susceptibles d’être tentés par la délinquance ? « L’argument « occupationnel » ne tient pas la route non plus. Ce n’est pas parce qu’on joue au foot qu’on n’a plus le temps de commettre un cambriolage ! » s’émeut Sébastien Roché. L’étude n’a pas eu le mérite de lui attirer les bons sentiments de Jean-François Lamour. Le ministre des Sports lui a dit qu’il n’« aimait pas » les résultats. « Lui et son entourage n’aiment pas s’interroger, car s’interroger, c’est se désavouer », explique M. Roché. Les désaveux ministériels, Luc Collard, maître de conférences à l’université Jules-Verne d’Amiens, les connaît bien aussi. Lui a mené une étude pour le compte de l’Education nationale. Sa conclusion : le sport intensif à l’école augmenterait l’agressivité des élèves. « Quand j’ai montré les résultats à l’équipe de Gilles de Robien, ils étaient atterrés, révoltés, ils m’expliquaient que mes résultats étaient faux, que j’avais tort, etc. », explique ce jeune chercheur au regard malicieux, dans son petit bureau lumineux de la fac de STAPS d’Amiens. Ces études ne font pas que déranger les ministres. Elles heurtent aussi notre sens commun, où le sport est devenu une valeur qui figure en bonne place. La première réaction est de les rejeter comme des travaux de sociologues éloignés des réalités du terrain, ennemis inconditionnels du sport. Mais il convient de s’interroger sur notre propre réaction. Car ces études ont non seulement le mérite de donner quelques éléments de faits sur le sport de masse, mais aussi de poser légitimement la question d’une politique du sport vieille de plus de trente ans. La position officielle du ministère des Sports est de ne pas donner d’importance aux études au motif qu’ « elles vont dans tous les sens », bien qu’aucune ne montre d’effet positif dans la lutte ou la prévention de la violence. « Nous avons conscience que le sport n’est pas le pansement de tous les maux de la société, explique son porte-parole, mais qu’il est un des outils de la lutte contre la violence ». Le ministère préfère appuyer sa vision sur « les remontées des milliers de clubs locaux » et les « valeurs » du sport. C’est donc le terrain, constitué d’un réseau de clubs et d’éducateurs sportifs, qui informerait le ministère. C’est justement ce biais d’information qui pose problème. « Tout le monde défend ses intérêts, souligne Sébastian Roché. Les animateurs et les éducateurs défendent leur beefsteak et leurs subventions, mais en fait ils ne font pas ce qu’ils prétendent faire : ce sont plus des entraîneurs qui encouragent l’agressivité et la triche que des éducateurs. » Alors, que faire ? Une fois qu’on a mis à bas une des dernières colonnes de l’État dans les quartiers difficiles, que peut-on espérer ? Jean-Philippe Acensi dirige l’Agence pour l’éducation par le sport, un organisme à fonds mi-publics, mi-privés, qui travaille depuis dix ans à l’aide aux projets sportifs dans les quartiers et veille à la mise en place de bonnes pratiques dans la politique sportive. Pour lui, le progrès passe aussi par une meilleure formation des éducateurs. « Le sport n’a pas de valeur éducative en tant que tel, explique cet observateur lucide. « Si les éducateurs sont mauvais, on aura de mauvais résultats. Et c’est vrai que l’encadrement est souvent un peu trop léger, et plus dans les sports de combat et le foot que dans le judo ou l’escalade ». « Je crois qu’il faut simplement réfléchir aux conséquences des différents sports pratiqués en banlieue, réplique Sébastian Roché. Mettre l’accent sur l’éducatif avec des jeux plus collaboratifs. Peut être que c’est un peu plus ennuyeux, mais on mettrait moins à l’écart toute une population qui ne se sent pas concernée par cette logique compétitive du sport. » Proposition semblable du côté de Luc Collard : « Je ne suis pas pour qu’on se dise « le sport rend agressif donc on va l’interdire dans les quartiers ». Le vrai problème en banlieue, c’est qu’on applique le mauvais médicament. On va défendre les sports de combat ou le foot qui rendent agressifs, alors qu’il faudrait plutôt privilégier les activités de pleine nature, type escalade ou plongée. » Miser sur la technique plutôt que sur la compétition. Travailler sur le long terme. Développer des sports moins agressifs, et s’en donner les moyens. Des mots qui reviennent dans toutes les bouches, chercheurs comme acteurs de terrain.
Marc Préel, « Le sport réduit-il (vraiment) la violence ? », publication du CFPJ.

Document 3 :

PSG-Toulouse, samedi 15 décembre 2007.

Depuis que Julien Quemener est mort, Boulogne a déposé un immense tifo noir et blanc à son prénom parcourant toute la longueur de la tribune et lui rend un hommage systématique à chaque rencontre, en entonnant un court mais toujours vibrant “Julien, Julien, Julien”. Vincent et moi, consternés par le niveau global de l’équipe et par les résultats négatifs récurrents, avons pris l’habitude de répondre par un “Julien, tu rates rien”, le sourire en coin. C’est idiot. C’est drôle. Drôle et idiot.
Le Parc me manquera à moi aussi, quand je serai crevé.
Les quotidiens crachent leurs dépêches: le match contre Toulouse sera sous “haute tension”. Encore plus de CRS, de gendarmes mobiles, de stadiers, des détecteurs de métaux comme s’il en pleuvait, plus de fouilles corporelles. Les ultras ont décidé de ne pas encourager l’équipe. Silence total pendant quatre-vingt-dix minutes. Et gare à ceux qui oseraient violer l’ordre du jour… La raison est simple: les supporters ont tout fait depuis le début de la saison pour communiquer leur passion à la pelouse. Peine perdue. Et donc, à partir d’aujourd’hui, c’est aux joueurs de projeter l’envie du terrain aux tribunes. Pas gagné. Comme ce match couperet. Ça pue.
Je passe chez Vincent qui n’habite pas loin. Une clope, on prend les casques et on grimpe sur sa moto aux couleurs de Paris. Avec sa fameuse cicatrice sur le réservoir, infligée par la clé d’un courageux anonyme, Marseillais épidermique ou vandale sans cause. Peu importe: la blessure est là, belle comme un premier amour oublié. Vincent roule vite, frôle les véhicules trop lents, jongle avec les feux, les passants. Un grand n’importe quoi totalement maîtrisé.
Porte de Saint-Cloud. Pas tant de flics que ça. Les détecteurs de métaux ont semble-t-il posé un lapin aux tribunes latérales. Privilège de taulard réservé aux deux virages. La fouille relève toujours de la supercherie. Je veux un jour introduire une arme de n’importe quelle catégorie pour atomiser un arbitre trop partial, des joueurs pas assez concernés, un président actionnaire paresseux, aucun problème. Bazooka, grenade, revolver, capsule de sarin ou tronçonneuse rouillée, tout rentre, tout passe. Le cirque! Le Parc est devenu un cimetière sans fleur, aux allées bondées, des gens qui ne viennent pas visiter leurs morts mais contempler ceux des autres.
Paris joue trente premières minutes valables. Se procure beaucoup de coups francs, de corners, manque l’immanquable à deux reprises.
Toulouse attend. Ils attendent tous.
Et puis l’inévitable. Camara passe en retrait au gardien Landreau, qui, déjà trop avancé, ne peut intercepter le ballon. Elmander en profite pour marquer son sixième but en trois matches. Les gradins insultent Camara. Ouais. Sauf que Landreau est le vrai fautif. Allez savoir pourquoi, il bénéficie d’une excellente réputation, peut-être le dernier joueur à Paris avec Pauleta qui ne connaît pas les sifflets. Mystère. 0-1.
Le Parc se moque. Un tifo “Les Chèvres” fait son apparition. Boulogne scande “Équipe de merde. On a, on a une équipe de merde” enchaîné avec “Au mercato, barrez-vous”. Mi-temps. On fume. On hait. On fume.
On pleure de l’intérieur. Ça reprend. Paris pousse, dans le vide, notre vide. Elmander s’échappe, crochète et tire dans la surface. 0-2. À peine croyable. Le feraient-ils exprès, ces onze petits laborieux?Le pénalty de Pauleta pendant les arrêts de jeu ne sert évidemment à rien. Le PSG s’incline de nouveau chez lui. Chez moi. Il fait froid maintenant. L’hiver attend le coup de sifflet final pour mordre. Retour dans le onzième, j’achète un minuscule sapin de Noël à 18 euro et une guirlande chez le Paki du coin, 4,90 euro. J’aimerais vraiment savoir pourquoi.
Il scintille dans le salon, il a l’air de se foutre de ma gueule. Je l’entends, sa rengaine silencieuse: “Paris est tragique, Paris est tragique”, j’ai envie de le frapper, fort. Sapin de merde. Équipe de merde. Vie de merde.
Je regarde en boucles le résumé du match. Conseil pratique pour les futurs supporters de Paris: toujours s’imposer de revoir rapidement les images après une défaite. Toujours. Et à plusieurs reprises si possible.
Ça n’atténue rien mais ça permet de se sentir comme au centre d’une tragédie shakespearienne. On revit ce qui est déjà mort, on ferme les yeux, “je compte jusqu’à sept et je me retrouve au Parc, à 14h59, juste avant le début du match. Comme si rien de tout ça n’avait existé. Nouveau départ.” Les voyages dans le temps s’imposent comme une solution tout à fait viable. On tente de relativiser, belle connerie. On scrute le classement, on fait des calculs qui rendent fous, on plonge dans l’avenir, Madame Soleil misérable, aux prévisions moisies. On souffre en toute subjectivité. Une larme coule le long de ma joue gauche. Je renifle bruyamment. Encore un week-end noyé, un week-end foutu.
Jérôme Reijasse, Parc.

Document 4 :



Photo Le Monde.

II. Ecriture personnelle :
Pensez-vous que la pratique et le spectacle du sport sont de nature à développer l’agressivité ?

Corpus de synthèse sur le sport et l'insertion sociale :

Document 1 :

Remettre les plus démunis dans le jeu de la vie par une compétition sportive internationale, c'est l'objectif de la Coupe du monde de football des sans-abri qui commence ce week-end à Paris. Après Rio de Janeiro l'an dernier, qui a vu la victoire finale du Brésil, la compétition née il y a cinq ans fait étape au Champ-de-Mars du 21 au 28 août, au pied de la tour Eiffel. Avec, pour la première fois, une compétition féminine. Parrainée par les footballeurs champions du monde Emmanuel Petit et Lilian Thuram, la Homeless World Cup Paris 2011, son appellation internationale (www.homelessworldcup.org), sera lancée samedi par une cérémonie au Stade de France, à Saint-Denis. On y attend soixante-quatre délégations venues de cinquante-trois pays, quarante-huit équipes masculines ou mixtes et seize équipes féminines. "Les sans-abri, on les croise tous les jours sans savoir forcément qui ils sont", dit Benoît Danneau, directeur du comité d'organisation. "L'idée est de s'adresser au grand public pour donner une image différente des personnes en grande difficulté, une image positive, collective, entreprenante via une démarche de valorisation de la pratique sportive", ajoute-t-il.
Les six cent quarante joueurs et accompagnateurs attendus seront encadrés par quatre cents bénévoles pour un événement dont le budget, bouclé grâce à l'Etat, les collectivités locales et les instances du football, est évalué à moins de un million d'euros. Outre des stars du football, les secrétaires d'Etat au sport et au logement, Chantal Jouanno et Benoist Apparu, devraient apporter leur soutien à la manifestation. Les équipes sont composées de huit joueurs ou joueuses choisis selon des critères propres à chaque pays. Le profil des participants, recrutés à partir de 16 ans et âgés pour la plupart entre 18 et 35 ans, est large.
Seule condition : être ou avoir été sans abri dans les douze derniers mois. Il peut s'agir de personnes vivant dans la rue mais aussi dans une voiture, un hôtel au mois ou un centre d'hébergement. "On cherche des gens de bon niveau qui soient dans une phase ascendante de leur insertion, des personnes qui ont déjà enclenché une vitesse. Le sport ajoute une dimension complémentaire à leur réinsertion", dit Benoît Danneau. L'entrée est gratuite et les organisateurs attendent environ quarante mille spectateurs au total, soit cinq mille par jour, pour assister aux matches et visiter le village d'associations installé sur le site et où seront organisés des débats. Les personnes à la rue viendront y peindre, y chanter, présenter leurs œuvres et s'exprimer sous différentes formes.
« Paris accueille le Mondial de football des sans-abris », Le Monde, 20.08.2011.

Document 2 :
Le sport est-il un vecteur d’intégration ?

        Les exemples de Michel Platini, Luis Fernandez ou Zinedine Zidane, puisque l’actualité est dominée par le football, nous suggèrent que le sport, mieux que l’économie ou la politique, peut fonctionner comme un ascenseur social pour des jeunes adultes issus de l’immigration. Que le sport permette à des jeunes défavorisés socialement de trouver une reconnaissance est une réalité. Pour certains jeunes dotés d’aptitudes physiques, c’est dans le sport qu’ils trouvent une promotion sociale de substitution. Moins riches en ressources économiques et culturelles, possédant de surcroît un capital symbolique « négatif » lié à la stigmatisation, ils trouvent dans le sport de haut niveau un espace qui reconnaît leur compétence et qui tire profit de dispositions, qualités et savoirs pratiques valorisés dans les milieux populaires. Un moment clé de leur itinéraire est alors l’entrée en formation, qui constitue à la fois constitue à la fois une promotion sportive élective, marquée par un rapprochement avec l’espace strictement professionnel, et une rupture, plus ou moins nette, avec le cadre de la pratique et la façon de jouer antérieurs. En tant que « rite d’institution », pour reprendre une formule de Bourdieu, le recrutement au centre de formation des apprentis footballeurs participe à la construction de la vocation, c’est-à-dire la croyance dans le fait « d’être fait pour ça ».
        Il existe donc des parcours, une reconnaissance, de la réussite. Mais il ne faut pas oublier que le racisme reste présent dans les stades et sur les terrains, et que des joueurs d’origine étrangère peuvent très fréquemment être renvoyés à leur différence. Par ailleurs, la réussite des quelques footballeurs sélectionnés dans l’équipe de France de football, si elle contribue au mythe du « salut social » par le sport, fait aussi écran à la réalité de l’impasse dans laquelle se trouvent nombre de jeunes issus de l’immigration en difficulté d’insertion socioprofessionnelle. Il faut donc prendre garde à la dimension mythique de la représentation du sport intégrateur : elle amène par ailleurs à sous-estimer les logiques de ségrégation, d’entre-soi, de ghettoïsation qui sont aussi présents dans le monde du sport.
         Comment s’est construit ce mythe ?
        Il vient en droite ligne de ce que l’on pourrait nommer l’« idéologie sportive », promue par les pères fondateurs du sport moderne. Très tôt, dans l’Angleterre des années 1830, on a reconnu et valorisé ses vertus morales et éducatives. Norbert Elias y voit un élément du processus de la « civilisation des mœurs », contribuant à maîtriser la violence en lui substituant des affrontements symboliques et pacifiques. Dans un registre plus critique, Pierre Bourdieu note que l’affrontement réglé des sports modernes permet l’expression de valeurs bourgeoises comme le fair-play et le self government.
        Mais on interroge peu, en définitive, le consensus autour des fonctions sociales d’un sport « naturellement » intégrateur. Cela peut s’expliquer. On notera ainsi que le schème des vertus sociales et éducatives du sport est suffisamment vague pour emporter une adhésion peu critique : de la pacification des banlieues à la sociabilité et la réalisation de soi, chacun peut s’y retrouver, en quelque sorte. Et cette doxa est relayée par un « cercle de croyants » bien plus large que les seuls représentants du mouvement sportif. Parmi ceux-ci, on peut repérer les industriels paternalistes de la première moitié du XXe siècle, attentifs à prévenir les tensions sociales, mais aussi les acteurs de l’éducation. Je pense par exemple aux enseignants-promoteurs de la « République des Sports » des années 1960, et à l’alliance formée entre les ministres gaullistes de la Jeunesse et des Sports et les militants communistes de la Fédération sportive et gymnique du travail dans les années 60. Tous ont contribué à promouvoir et consolider la vision du sport (de compétition) intrinsèquement vertueux et éducatif. La droite républicaine et les communistes se retrouvent pour reconnaître et promouvoir l’aspect socialisant du sport.
        À partir des années 1980, dans un contexte marqué par des tensions politiques et sociales sur le modèle de l’intégration, cette vision est réactivée et trouve une nouvelle formulation. On voit émerger des discours sur la participation du sport à la lutte contre la « crise du lien social » (notamment dans les quartiers populaires). Le sport est convoqué, plus souvent qu’à son tour, pour lutter contre les nouvelles exclusions sociales. Il devient « social » et les dispositifs sont désormais « socio-sportifs », alors que la jeunesse des quartiers populaires devient progressivement le groupe cible de l’action publique. Cela fait apparaître de nouveaux acteurs. En effet, dès la fin des années quatre-vingts, un nouvel espace politico-professionnel se structure autour de la question de l’intégration sociale par le sport sous le double effet des politiques publiques et des stratégies d’institutions et d’agents dont les carrières sont en partie liées à la transformation de cet espace. Face à la concurrence des politiques de la ville et des nouvelles politiques sportives des collectivités territoriales (depuis la décentralisation), le ministère de la Jeunesse et des Sport trouve ainsi dans « l’insertion » puis « l’intégration par le sport » une nouvelle compétence susceptible de perpétuer son existence. Des équipements sportifs de proximité et des animations sportives de quartiers voient progressivement le jour. Des éducateurs, des animateurs « socio-sportifs » mais aussi des policiers font vivre cette logique. Sur un mode social, c’est bien l’idée d’une pacification déjà avancée par Norbert Elias que l’on retrouve ici.
        La victoire de l’équipe de France de football lors de la coupe du monde 1998 vient donner corps à une représentation qui illustre et justifie ces politiques, avec l’idée que la France aurait, tout au long du XXe siècle et notamment grâce au sport, naturellement intégré des hommes issus des différentes vagues d’immigration. Or, des événements comme l’interruption du match France-Algérie en 2001 viennent rappeler que tout n’est pas si simple, et qu’il n’y a au fond guère de raison pour que le sport passe à travers les tensions qui traversent la société française. On a eu tendance, historiquement, à voir dans le sport une réponse aux tensions sociales, ou du moins un espace qui y échappait : nous apprenons aujourd’hui à repérer en quoi il est lui aussi touché par ces questions et tensions.
Richard Robert, « Mythes et réalités de l’intégration par le sport », entretien avec William Gasparini.

Document 3 :



Dessin publié par Lepost.fr

Document 4 :

        Une défaite au premier tour du tournoi de la ville lui assurant malgré lui du temps libre, Kylh marche dans une rue de Stockholm quand un enfant, un adolescent, lui roule dans les jambes, projeté là comme un paquet par un employé de McDonald's fou de rage. Kylh commence à s'indigner mais le jeune garçon se relève souriant, sans un cri contre son expéditeur, disant au promeneur mêlé par hasard à cette histoire « Laissez, ce con est dans son droit ». Déconcerté, Kylh interrompt sa dispute naissante avec l'employé qui, l'expulsion accomplie, rentre dans le fast-food. « Pardon », lui dit l'enfant quand Kylh, par réflexe, examine son pantalon au cas où le choc en aurait dérangé le pli. « Pourquoi as-tu volé ? », dit l'adulte, gêné que la conversation se close sur cette excuse imméritée. « C'est très facile. Il suffit de commander quelque chose qui est prêt et autre chose qui ne l'est pas encore. Le temps qu'on vous prépare les frites ou le milk-shake qu'ils n'avaient pas d'avance, vous avez déjà mangé votre big mac. Après, tant pis qu'ils vous flanquent dehors, vous n'avez plus faim. - Tes parents ne te nourrissent pas ? Non », dit le gamin, laissant Kylh de plus en plus mal à l'aise. L'enfant est proprement vêtu, trop légèrement, toutefois. « Tu n'as pas froid ? - Votre attention me réchauffe. » Kylh comprend qu'il n'en tirera aucune plainte. Le garçon est joyeux, séduisant, il ressemble à un voyou poli. Kylh souhaite l'aider, lui-même quitte Stockholm le lendemain, ça ne l'engage pas à grand-chose. « Tu m'accompagnes ? » L'adolescent accepte d'un battement de paupières. « Comment t'appelles-tu ?, dit Kylh. - Ximon, dit Ximon. - Je peux faire quelque chose pour toi ? », demande Kylh après lui avoir offert un déjeuner plus conséquent et un pull mais sans avoir percé la discrétion de son compagnon, toujours sans comprendre sa situation exacte, estimant en réalité en avoir terminé avec lui, faisant ainsi ses adieux. « Entraînez-moi, dit Ximon. - Pardon ? » Kylh croit que sa propre passion pour le tennis lui provoque une hallucination auditive. « S'il vous plaît, entraînez-moi. Ça, dit Ximon, je ne peux pas le faire tout seul. » Kylh est estomaqué d'avoir été reconnu, il est alors cent douzième joueur mondial, classement qui ne provoque généralement pas l'enthousiasme des adolescents. Il ne trouve à répondre que « Je suis joueur, pas entraîneur. - Arrêtez de jouer, dit le gamin, votre carrière est derrière vous. Aujourd'hui cent douzième, vous ne remonterez plus notablement. Entraîneur, vous restez dans cet univers, et ensemble on gagnera tout, on sera champion du monde. - Champion du monde, ça n'existe pas au tennis », dit Kylh à côté de la plaque, comme si l'absence de championnats du monde officiels était le premier argument à opposer à Ximon. « Vous verrez », dit celui-ci avec la même indifférence qu'il a manifestée jusqu'à présent à l'égard de tout et que Kylh interprète comme une confiance exagérée. « Tu sais déjà jouer au tennis ? - Bien sûr », répond Ximon, comme si Kylh était un imbécile pour poser une telle question. « Je pense que j'y arriverai, ajoute-t-il contradictoirement. Je sais perdre et je sais gagner », conclut-il, convainquant Kylh sur ces deux points. Alors Kylh, estimant avoir trouvé le moyen de mettre fin à l'histoire où il commence à perdre pied « Quel âge as-tu ? - Bientôt majeur, dit Ximon qui n'a de toute évidence pas seize ans. Ne vous inquiétez de rien, je m'occupe de l'administratif. »
Mathieu Lindon, Champion du monde, 1994.