jeudi 20 décembre 2012

corrigé d'écriture personnelle

Pensez-vous que la sociabilité numérique et la sociabilité en chair et en os se font concurrence ou qu'elles se complètent?
Les avancées technologiques en matière de moyens communication et leur grand nombre nous interrogent sur la complémentarité ou la concurrence entre la sociabilité numérique et la sociabilité en chair et en os. Pour répondre à cette question, nous commencerons par définir la sociabilité et ce qu’on entend par concurrence. Ensuite nous verrons si ces deux moyens de sociabilisation se complètent ou si la première tend à supplanter l’autre.
La sociabilité a deux sens. D’une part, elle désigne les aptitudes, les capacités à vivre en société. D’autre part, l’ensemble des formes (mondaines, intellectuelles, etc.) que prend l’aptitude à vivre en société. Pour notre travail, nous retiendrons le deuxième sens, soit l'ensemble des interactions sociales (la parenté, les amis, les voisins, les relations de travail, les relations de services et enfin l’ensemble des autres relations). L’opposition entre sociabilité numérique et sociabilité en chair et en os se remarque tout de suite. La première désigne la sociabilité virtuelle, l’autre celle dans la vie réelle. Concurrence s’oppose à complémentarité. Elle désigne le fait de s’opposer, la rivalité entre ces deux types de sociabilité, l’une tendant à remplacer l’autre.
Il s’agit maintenant de savoir si les interactions numériques et en face à face s’ajoutent ou au contraire se font concurrence. Si un individu consacre plusieurs heures par jour à surfer ou téléphoner, il disposera de moins de temps pour les rencontres en face à face. La concurrence joue donc sur le temps disponible. Mais elle peut jouer aussi sur la motivation de l'individu. S'il a plus de plaisir à communiquer virtuellement, il délaissera plus ou moins la communication en chair et en os. C’est donc un choix que fait chaque individu et la notion de concurrence aurait bien lieu d’être.
Les deux types de sociabilité peuvent donc se disputer le temps disponible d'une personne. Cela dit, si ces deux types ne répondent pas aux mêmes besoins, alors ils ne se font pas vraiment concurrence. Ainsi, un paquet de chips ne fait pas concurrence à un tournevis, sauf si l'on n'a pas les moyens de se payer les deux. Mais si on a le temps pour les deux sociabilités et si les deux types ne satisfont pas les mêmes besoins, alors il n'y a pas concurrence. Ceux qui ont besoin de tournevis achèteront le tournevis. Ceux qui ont besoin d'un échange sans présence corporelle choisiront le net ou le téléphone. Ceux qui ont besoin d'un échange en face à face choisiront la rencontre en chair et en os. Mais on peut penser que toute personne a plus ou moins besoin des deux. Le problème de la concurrence et de l'embarras du choix existerait si les deux types d'échange étaient possibles et aussi satisfaisants l'un que l'autre à tout moment. En réalité, il arrive souvent que l'on choisisse le numérique quand la rencontre physique n'est pas possible. L'inverse est sans doute plus rare. Si l'on opte pour le numérique par défaut, alors il n'y a pas concurrence. Celle-ci n'existe que si les deux sont également possibles et permettent d'atteindre le même but. Ce n'est pas toujours le cas. D'une part parce que le tête à tête n'est pas toujours possible, d'autre part parce que la rencontre physique permet ce que l'échange numérique exclut : le contact des corps. Le film de Fincher, The social network, montre bien cette complémentarité dans la quête amoureuse. Lorsque son copain Eduardo lui demande des renseignements sur une fille, Zuckerberg s'empresse aussitôt d'ajouter à son site une fonction qui permet à chaque utilisateur de préciser sa situation sentimentale. C'est à ses yeux ce qui intéresse les inscrits. Il estime donc que l'on utilise essentiellement Facebook pour mieux s'orienter dans sa quête amoureuse. 
Il faut donc dire que pour certains buts (le seul échange de mots ou d'images) les deux se font concurrence s'ils sont également disponibles. Sinon, ils se complètent.
 

mardi 18 décembre 2012

4e sujet de synthèse et d'écriture personnelle sur paroles, échanges, conversations et révolution numérique

1. Synthèse : Vous ferez une synthèse concise, objective et ordonnée des documents suivants.
2. Ecriture personnelle : Pensez-vous que les nouvelles technologies de la communication appauvrissent la conversation ?


Document 1 :

Depuis le règne de Louis XIV, toute la bonne compagnie du continent, l'Espagne et l'Italie exceptées, a mis son amour-propre dans l'imitation des Français. En Angleterre, il existe un objet constant de conversation, les intérêts politiques, qui sont les intérêts de chacun et de tous ; dans le Midi il n'y a point de société : le soleil, l'amour et les beaux-arts remplissent la vie. A Paris, on s'entretient assez généralement de littérature; et les spectacles, qui se renouvellent sans cesse, donnent lieu à des observations ingénieuses et spirituelles. Mais dans la plupart des autres grandes villes, le seul sujet dont on ait l'occasion de parler, ce sont des anecdotes et des observations journalières sur les personnes dont la bonne compagnie se compose. C'est un commérage ennobli par les grands noms qu'on prononce, mais qui a pourtant le même fond que celui des gens du peuple ; car, à l'élégance des formes près, ils parlent également tout le jour sur leurs voisins et sur leurs voisines. L'objet vraiment libéral de la conversation, ce sont les idées et les faits d'un intérêt universel. La médisance habituelle, dont le loisir des salons et la stérilité de l'esprit font une espèce de nécessité, peut être plus ou moins modifiée par la bonté du caractère ; mais il en reste toujours assez pour qu'à chaque pas, à chaque mot, on entende autour de soi le bourdonnement des petits propos qui pourraient, comme les mouches, inquiéter même le lion. En France, on se sert de la terrible arme du ridicule pour se combattre mutuellement, et conquérir le terrain sur lequel on espère des succès d'amour-propre ; ailleurs un certain bavardage indolent use l'esprit, et décourage des efforts énergiques, dans quelque genre que ce puisse être.
Un entretien aimable, alors même qu'il porte sur des riens, et que la grâce seule des expressions en fait le charme, cause encore beaucoup de plaisir ; on peut l'affirmer sans impertinence, les Français sont presque seuls capables de ce genre d'entretien. C'est un exercice dangereux, mais piquant, dans lequel il faut se jouer de tous les sujets, comme d'une balle lancée qui doit revenir à temps dans la main du joueur. Les étrangers, quand ils veulent imiter les Français, affectent plus d'immoralité, et sont plus frivoles qu'eux, de peur que le sérieux ne manque de grâce, et que les sentiments ou les pensées n'aient pas l'accent parisien. (...) Les Français ont fait peur à l'Europe, mais surtout à l'Allemagne, par leur habileté dans l'art de saisir et de montrer le ridicule : il y avait je ne sais quelle puissance magique dans le mot d'élégance et de grâce, qui irritait singulièrement l'amour-propre. On dirait que les sentiments, les actions, la vie enfin, devaient, avant tout, être soumis à cette législation très-subtile de l'usage du monde, qui est comme un traité entre l'amour-propre des individus et celui de la société même, un traité dans lequel les vanités respectives se sont fait une constitution républicaine, où l'ostracisme s'exerce contre tout ce qui est fort et prononcé. Ces formes, ces convenances, légères en apparence, et despotiques dans le fond, disposent de l'existence entière; elles ont miné par degrés l'amour, l'enthousiasme, la religion, tout, hors l'égoïsme, que l'ironie ne peut atteindre, parce qu'il ne s'expose qu'au blâme et non à la moquerie.

Mme de Staël, De l'Allemagne, ch.IX, 1813.


Document 2 :

Le Point : Pourquoi les hommes conversent-ils ?
Chantal Thomas : Socrate a fondé sa philosophie sur le dialogue avec l'autre... La conversation est très importante pour le sentiment joyeux de soi, mais aussi pour la cohésion sociale. Il faut voir l'importance, en Espagne, au Maroc, en France pour ne citer qu'eux, de la place du village et du rituel, l'été, à la tombée de la chaleur, qui consiste à se retrouver pour parler ensemble. Une des grandes solitudes des villes est ce métro où la réunion et la contiguïté n'aboutissent pas à la parole, sauf cas très rares. C'est l'inverse de cette conversation qui s'aligne sur la course du soleil.
Dans votre dernier livre, "l'esprit" de conversation se promène sur trois siècles, et dans trois salons. Pourquoi ceux-là et pourquoi les saluer aujourd'hui ?
J'ai choisi trois femmes, comme trois explorations possibles de nous-mêmes en état de conversation, pour le plaisir toujours vibrant qu'il peut nous apporter. La marquise de Rambouillet tient au XVIIe un salon très raffiné, où le jeu de la sociabilité s'apparente à un spectacle pour soi. Sa chambre bleue est du côté de la féerie, du merveilleux, c'est un lieu absolument romanesque où l'on se donne les noms des personnages de romans de Mlle de Scudéry, et vice versa puisque celle-ci s'inspirait du salon pour inventer ses dialogues dans une sorte de circularité. Ce qui caractérise ce salon est une idée à laquelle je crois profondément : agir sur la manière dont on s'adresse à l'autre change les moeurs, à long terme. À l'époque des précieuses, cet enchantement du langage pour lui-même, tellement caricaturé, se pose à l'inverse de la brutalité et du passage à l'acte. Les relations se situent entre amour et amitié. Or ce registre de sentiment, qui n'est pas nettement répertorié, est essentiel dans le goût de sa propre existence et dans la manière dont se tisse un fil d'amitiés dans une toile subtile. Il est souvent invisible dans une biographie qui ne retient que les dates fortes. Pourtant, ce que l'on a échangé un jour avec quelqu'un peut être déterminant dans une vie. La conversation est aussi un plaisir clandestin.
Entre les salons de Mme du Deffand et de Mme de Staël, la conversation va prendre un tournant politique...
Le salon de Mme du Deffand est encore très orienté vers la vie littéraire, c'est une antichambre de l'Académie française, un lieu d'intrigues en partie. Il n'est pas ouvert sur le projet d'un changement de société, mais brille par son intelligence critique, son ton voltairien, ce sens génial du désespoir et de l'ironie. Mme de Staël, qui a fait son apprentissage dans le salon de sa propre mère, va trouver sa propre voix (ou voie), marquée par une conscience politique aiguë. Le choc du passage de la révolution à la Terreur, puis à la tyrannie de Napoléon, n'a cessé de la faire souffrir, et réfléchir. Mme de Staël est quelqu'un qui prend parti, comme dit d'elle Mme de Boigne : elle avait "une conversation un peu forte". Prête à tout pour défendre son opinion, elle trouvait aussi, pour que la prochaine séance ait lieu, le moyen que tout se raccommode. Elle se place ainsi entre le savoir de l'Ancien Régime et le risque de la brusquerie d'une nouvelle époque. Pour elle, couper la parole, une des grandes fautes pointées par l'art de la conversation, n'en est pas une. Dans De l'Allemagne, elle écrit ainsi : "Le plaisir d'interrompre, qui rend la discussion si animée en France et force à dire si vite ce qu'il importe de faire entendre, ce plaisir ne peut exister en Allemagne, car les commencements de phrase ne signifient rien sans la fin. (...) Cela vaut mieux pour le fond des choses, c'est aussi plus civil, mais moins piquant." Mme de Staël est une opiniâtre, elle montre aussi de la désinvolture, de la séduction, elle est celle dont le charme au présent s'est d'abord exercé par la parole. (...)
Dans quelle mesure la conversation est-elle menacée par les technologies de notre époque ?
La première cassure dans cet art oral, comme dans la tradition paysanne des conteurs, a correspondu à l'intrusion de la parole imposée et subie qu'est la télévision. Aujourd'hui, l'espace de la conversation se voit menacé par ces pratiques d'écoute autistique, où l'on est fermé sur la musique qui passe par les écouteurs, le SMS qu'on envoie, où chacun est seul dans son obsession de communication. Assez paradoxalement, et cela va peut-être de pair, le champ des rencontres est parfaitement - et abstraitement - ouvert sur l'Internet jusqu'à des lieux très lointains et sur un mode instantané, alors que le salon restait un lieu clos... Il est possible que l'ensemble de ces nouvelles techniques conduisent à d'autres formes de conversation, un jeu entre écrit et parlé, d'autres fantasmes...
Quelle est l'importance d'être présent physiquement dans l'échange de paroles ?
La conversation est un espace érotique. Au sens fort du terme où l'on offre son corps, quelque chose de son corps. Elle reste une valeur importante, pas uniquement parce qu'elle exige l'attention à l'autre, mais pour ce qu'elle implique de liberté dans notre rapport au temps. Garder du temps, celui, justement, où un imprévisible de la conversation peut survenir.

Chantal Thomas, "La conversation est un espace érotique", entretien avec Valérie Marin La Meslée, Le Point.


Document 3 :

À l'heure de la révolution numérique, il paraît donc légitime d'interroger plus profondément ce que les Anglo-saxons désignent du nom de "small talk". Nos sociétés, tout entières vouées à l'hyper-communication et au "trop plein" d'informations, incarnent paradoxalement une culture du vide et de l'insignifiance. Ainsi, la profusion de paroles contingentes et futiles qui accompagne souvent ces "petites conversations" s'apparente pour beaucoup d'observateurs à un langage expansif et sans fin, incapable d'atteindre la profondeur des choses et des êtres. (...)
Dans le monde de l'authenticité perdue, le bavardage apparaît ainsi comme une sorte de divertissement, au sens pascalien du terme, c'est-à-dire de détournement du langage, de "remplissage" du silence ; réponse médiocre et insatisfaisante de l'homme à son propre vide existentiel : je bavarde parce que j'ai peur de penser.
Le bavardage constitue donc de manière assez paradoxale une impuissance à parler, une parole non assumée, sans identité et sans transitivité, au détriment de la communication véritable. L'exemple de certains forums de discussion sur Internet serait à ce titre révélateur : condamné à vivre dans une virtualité d'autant plus douloureuse qu'elle est anonyme, le chateur dévalue la parole au rang de l'inauthentique, parce que ne parvenant pas à accéder au discours. Comme nous le comprenons, avec le bavardage c'est le rapport entre langue et parole qui n'est plus assuré. Alors qu'on peut assimiler la parole à une force d'expression du sujet, le bavardage implique en réalité un refus de dialoguer et de communiquer. (...)
D'une certaine façon, ces vains bavardages, inutiles et répétitifs, dévalorisent et pervertissent bien souvent l'essence même du langage, dans sa dimension d'expression et de transmission : ce n'est pas en fait du langage qui circule mais une oralité qui n'assume plus le pouvoir de la langue, plus proche du bavardage et soustraite à la vraie parole humaine. De manière plus fondamentale, il faudrait noter combien cette hypertrophie communicationnelle est consubstantielle à la mort du monde : parler pour parler, twitter pour rendre la vie plus supportable, vouloir toujours plus d'amis sur Facebook, envoyer des tonnes de SMS pour trouver une satisfaction dans le fait même d'exister, n'est-ce pas désagréger la valeur de la parole et de l'échange ?
Entre héroïsme et nihilisme, le "parler pour parler" confond la logorrhée, c'est-à-dire la surabondance de signes, et ce qui fait sens : quelle est la valeur d'un ami sur Facebook ? Quelle est la valeur des échanges sur Internet ? En perdant de sa valeur symbolique, la parole se transforme en marchandise, en perdant de leur valeur, les mots perdent leur certitude et modifient le sens profond que les hommes donnent à l'existence. Car cette désorientation est en fait une perte du sens, qui est la question fondamentale à laquelle notre modernité doit répondre.
Paradoxalement, la survalorisation des flux de paroles comme fin en soi, qui imprègne la culture post-moderne, a dépersonnalisé les rapports humains. Comme nous le comprenons, l'un des dangers des nouvelles technologies de l'hypercommunication est de faire dépendre les contenus qu'elles véhiculent de leur propre nature, et donc que l'échange ne se fasse plus par le langage, mais par la technologie qui s'attribue par le moyen des mots, un statut de fin. L'avertissement de McLuhan est toujours d'actualité : "le medium est le message" ; peu importe ce qui est échangé puisque nous échangeons...

Bruno Rigolt, "Du bavardage au clavardage", http://brunorigolt.blog.lemonde.fr


Document 4 :


























Ben, "Je ne bavarde pas"

vendredi 14 décembre 2012

la haine du bavardage

Voici quelques extraits d'un texte consacré au bavardage, mauvais usage de la parole que l'auteur, Bruno Rigolt, associe aux nouvelles technologies de la communication. Il me paraît très représentatif du mépris et de la méfiance dans lesquels beaucoup de gens cultivés tiennent les usages modernes et populaires de la parole. Bourdieu et d'autres ont montré que le niveau culturel était corrélé à la position sociale. La culture normée que défendent notamment les enseignants de français et de culture générale est l'instrument d'une domination. On montre ses "quartiers de noblesse culturelle", comme disait Bourdieu. Il faut considérer, si l'on appartient à l'élite culturelle, que Bergman est forcément un meilleur cinéaste que Cameron qu'on laissera avec un sourire condescendant aux classes populaires ou aux adolescents. De même il faut juger que la lecture de Racine et de Duras est nécessairement plus enrichissante que celle de Paulo Coelho. De même, on dira que le bon usage de la parole consistera à échanger sur des sujets "profonds" en montrant sa culture et sa faculté d'argumenter ou la finesse de son goût. Tout cela est bien beau. On dénigrera le bavardage, que les profs déplorent souvent dans les classes, sous prétexte que le langage ne serait fait que pour la densité sémantique, l'engagement de toute la personne, l'élaboration d'une action de haute portée civique. Mais les lieux communs abondent dans les propos des détracteurs des NTIC. En voici un exemple :

"Nos sociétés, dit Bruno Rigolt, tout entières vouées à l'hyper-communication et au "trop plein" d'informations, incarnent paradoxalement une culture du vide et de l'insignifiance. Ainsi, la profusion de paroles contingentes et futiles qui accompagne souvent ces "petites conversations" s'apparente pour beaucoup d'observateurs à un langage expansif et sans fin, incapable d'atteindre la profondeur des choses et des êtres (rien que cela! qu'est-ce donc que la profondeur des choses et des êtres, les quantas, les particules, l'inconscient freudien, le noumène? alors parlons de noumènes, chiche! ndlr). (...)
Le bavardage constitue donc de manière assez paradoxale une impuissance à parler, une parole non assumée, sans identité et sans transitivité, au détriment de la communication véritable. (Relisez le Bavard de Louis-René Des Forêts et les commentaires qu'en firent Blanchot et Foucault, pensez que le bavardage n'est pas si loin que cela de la littérature et comme dit Foucault que "le sujet de la littérature […] ce ne serait pas tellement le langage en sa positivité, que le vide où il trouve son espace quand il s’énonce dans la nudité du “je parle”", ndlr)
L'exemple de certains forums de discussion sur Internet serait à ce titre révélateur : condamné à vivre dans une virtualité d'autant plus douloureuse qu'elle est anonyme, le chateur dévalue la parole au rang de l'inauthentique, parce que ne parvenant pas à accéder au discours. (Il suffit de lire certaines discussions de forums pour découvrir une parole très personnelle, très motivée et qui va parfois plus loin dans la confidence qu'en face à face, une parole qui évoque celle du cabinet ou du confessionnal, voir le travail sur les forums http://btsfrancais2010.blogspot.fr/2012/11/travail-sur-une-discussion-de-forum.html, ndlr) Comme nous le comprenons, avec le bavardage c'est le rapport entre langue et parole qui n'est plus assuré. Alors qu'on peut assimiler la parole à une force d'expression du sujet, le bavardage implique en réalité un refus de dialoguer et de communiquer. (...)
Si nous considérons que la parole est une activité qui doit mener à l'acte, c'est-à-dire à l'action, au faire, alors cette surenchère de langage en miettes qu'est le bavardage est une déchéance ontologique, un langage en crise, un langage vide qui tient lieu d'action : il se donne à entendre par le manque qu'il génère (Mais ce dont tant d'écrivains témoignent de Kafka à Blanchot, c'est justement que le manque, cette espèce de douleur d'une compréhension et communication impossibles ou toujours défectueuses est à l'origine de l'écriture littéraire et que la littérature est une maladie du langage justement, un effort pour creuser, sculpter, ouvrager autant que possible un instrument qui n'est pas à la mesure des aspirations, ndlr). Privilégiant l'affectif, l'instantané et l'éphémère, il prive l'homme du "garant indispensable de la qualité de l'échange" qui est d'abord "le temps de la réflexion" (Instructions Officielles). Le bavardage amène ainsi à une réflexion  essentielle sur le langage même : dépourvue d'intériorité, la parole bavarde devient une fin en soi.
(...) À l'heure de la révolution numérique, il est évident qu'une réflexion sur la parole est indissociable d'une réflexion d'ordre épistémologique : non sans excès, les nouvelles technologies véhiculent souvent une parole protéiforme, immodérée, confuse : les milliards de courriers électroniques, de SMS, de tweets que nous échangeons quotidiennement, l'explosion des paroles personnelles sur Internet à travers les blogs, font que la parole s'est banalisée au point de modifier sensiblement et durablement les conditions de la circulation de l'information. (On ne voit pas en quoi la conversation véhiculée par le portable ou le net serait plus banale, plus ennuyeuse pour les non-intéressés que celle du café (du Commerce), de la place de village, du forum, des dîners en ville des bobos parisiens, du salon des Verdurin ou même de celui de Mme de Rambouillet, ndlr)
♦  « Le medium est le message... »
D'une certaine façon, ces vains bavardages, inutiles et répétitifs, dévalorisent et pervertissent bien souvent l'essence même du langage (on voit là pointer une expression philosophique propre à en imposer, à bluffer le badaud), dans sa dimension d'expression et de transmission : ce n'est pas en fait du langage qui circule mais une oralité qui n'assume plus le pouvoir de la langue, plus proche du bavardage et soustraite à la vraie parole humaine. De manière plus fondamentale, il faudrait noter combien cette hypertrophie communicationnelle est consubstantielle à la mort du monde (sans commentaire) : parler pour parler, twitter pour rendre la vie plus supportable, vouloir toujours plus d'amis sur Facebook, envoyer des tonnes de SMS pour trouver une satisfaction dans le fait même d'exister, n'est-ce pas désagréger la valeur de la parole et de l'échange ?" (On ne voit pas quel mal il y aurait à user de la parole surtout pour établir et maintenir le contact, on ne voit pas quel mal il y aurait à craindre le silence en présence de personnes qui ne sont pas très proches, le fameux silence de l'ascenseur qui pèse des kilos, on ne voit pas quelle profanation on commettrait à user du langage de Racine et de Monsieur Toutlemonde pour demander du sel, pour rappeler à sa chérie ou à son chéri qu'on l'aime, pour vérifier que l'autre est là, attentif, présent, toujours votre ami, que son silence n'est pas ennui ou souci, etc., les mille usages du langage qui peuvent nous porter un peu de chaleur à nous pauvres humains...)
Bruno Rigolt

jeudi 13 décembre 2012

Paroles, échanges, conversations et révolution numérique : 3e sujet de synthèse et d'écriture personnelle

Vous ferez une synthèse concise, objective et ordonnée des documents suivants :

Document 1 :

L'hiver dernier, lors de la parution de son roman Freedom en édition de poche, l'Américain Jonathan Franzen exprimait sa méfiance à l'égard des tablettes, leur préférant le livre qu'il tenait en main : « Je peux renverser de l'eau dessus, ça fonctionne encore et ça fonctionnera pendant des années. » Et de s'inquiéter de la disparition du support papier, symbole d'éternité : « Nos descendants auront-ils encore de l'appétit pour quelque chose de permanent et d'immuable ? »
En France aussi, des voix se sont élevées pour dire leur crainte du lendemain. Ainsi Frédéric Beigbeder, qui l'avouait dans le récent Premier bilan après l'Apocalypse, avant d'évoquer régulièrement la question lors d'entretiens dans les médias, où il parlait de « drame » et comparait la situation actuelle du livre et de la librairie à celle de l'industrie du disque juste avant la disparition des disquaires.
« Mais l'écriture a toujours été une technologie ! On a simplement changé d'appareil », souligne l'écrivain François Bon dans son essai intitulé Après le livre. Ce pionnier du numérique qui, dès 1996, se passionna pour cet outil nouveau, créa un site Internet, avant de devenir éditeur numérique à travers une coopérative d'auteurs, se montre un observateur attentif des mutations actuelles. Il dédramatise : « Et si, paradoxalement, alors qu'on parle de télévision numérique, de diffusion numérique de la musique, la transposition du livre au numérique n'était, elle aussi, qu'un épiphénomène de la période de transition, le temps que naissent, depuis l'intérieur de nos nouveaux usages de lecture, les propres formes que ces usages sont susceptibles d'engendrer, et qui ne se révéleront à notre imaginaire qu'à mesure que nous les expérimenterons ? »
Une histoire en marche, une liberté nouvelle, un autre rapport au monde, un « nouveau territoire de créativité », comme le dit l'écrivaine et journaliste Laure Adler. Pareilles expressions reviennent fréquemment dans la bouche des auteurs intéressés par ces « nouveaux usages ». Un gain de temps, d'abord, explique le romancier Didier Daeninckx, qui, pour son dernier livre, Le Banquet des affamés, a commencé, comme d'habitude, par des recherches historiques sur son personnage principal. (...)
Outre la simplification des recherches, le numérique permet de « redonner vie à des formes dont le papier ne veut pas ou ne veut plus, et que les éditeurs boudent », explique Paul Fournel, membre éminent de l'Oulipo (1) et auteur d'un roman intitulé La Liseuse (éd. P.O.L), qui décrit la vie d'un éditeur « à l'ancienne » ayant passé sa vie « dans un silence de vieux papiers ». Le voilà mis brusquement en face du progrès lorsque arrive dans son bureau une liseuse.
Beaucoup d'humour dans ce roman, et point de méfiance envers la création numérique : « Le livre électronique peut donner une chance à la nouvelle, à la poésie, estime Paul Fournel. Si tous les matins, on peut recevoir par abonnement un bon poème sur son iPhone, qui dit qu'on ne prendra pas l'habitude de le lire dans le métro ? Idem pour les nouvelles, qui trouveraient bien leur place dans un abonnement quotidien. » (...)
Ils sont nombreux aujourd'hui à avoir investi la Toile pour y dire leurs colères, leurs passions, mais aussi parfois le « making of » de leurs livres. (...) Il n'est pas seulement question de « work in progress », mais aussi parfois de « création labyrinthique ». C'est ce à quoi s'est livrée l'auteure Emma Reel, qui, en janvier dernier, publiait Ah. aux éditions du Seuil : un premier roman expérimental, « conçu pour tablette » exclusivement, et dont il n'existe pas de version papier. Le parcours de ce livre est le suivant : Emma Reel commence par tenir un blog, puis elle écrit des nouvelles, qu'elle recompose en vue de la création d'un livre numérique où les textes courts ont des formes ouvertes : on peut cliquer sur un mot et accéder à d'autres récits – un peu comme il existait pour les adolescents, voici quelques années, les « livres [interactifs] dont vous êtes le héros ». A ceci près qu'ici le sujet est l'érotisme et le désir. Avec la volonté de modifier la lecture et de l'éclater, de la faire proliférer en arborescence. « Je rêve d'un livre enrichi – et non illustré – où la musique serait indispensable au récit, imagine pour sa part l'écrivain Jean-Claude Bologne. Un roman qui se présenterait comme un échiquier, un récit où l'on pourrait entrer à n'importe quelle page… »
(1) Oulipo : L'Ouvroir de littérature potentielle est un groupe international de littéraires et de mathématiciens.


Christine Ferniot et Marine Landrot, "Littérature et numérique : quand l'écrit invente son avenir", Télérama.



Document 2 :

[Le patron d'une vieille maison d'édition reçoit la visite impromptue d'une jeune stagiaire.]

Et qu’est-ce que vous faites dans mon bureau, si ce n’est pas indiscret ?
C’est monsieur Meunier, le grand patron, qui m’a dit de…
Le grand patron ? Meunier ?
Vous ne le connaissez pas ?
Trop bien.
Alors vous savez. C’est lui qui m’a dit de vous
apporter ça.
Et qu’est-ce que c’est, ça ?
Ben, c’est une liseuse, un eBook, un iPad, je ne sais pas, moi. Il m’a dit qu’il avait mis tous vos manuscrits dedans pour le week-end et que ça vous ferait moins lourd. Vous voulez que je vous explique? Regardez, c’est comme un écran avec tous vos manuscrits dessus. Ils sont sur l’étagère virtuelle en faux-vrai bois. Vous les touchez et ils s’ouvrent. Il y en a un paquet. Vous n’allez jamais lire tout ça en deux jours ! Regardez, le texte s’ouvre.
Et j’avance comment ?
On tourne les pages dans le coin d’en bas avec le doigt.
Comme un bouquin ?
Oui, c’est le côté ringard du truc. Une concession pour les vieux. Quand on se souviendra plus des livres, on se demandera bien pourquoi on avance comme ça. Autant défiler vertical. Scroller. Ce serait plus logique.
C’est Kerouac qui va être content.
Elle ne réagit pas.
Allez, excusez-moi, Monsieur, mais je dois filer, j’ai un avion. Lisez pas trop !
À mon âge…
Elle disparaît d’un tour de fesses, tire la porte sur elle avec douceur et je me retrouve à câliner ma liseuse. Elle est noire, elle est froide, elle est hostile, elle ne m’aime pas. Aucun bouton ne protrude au dehors, aucune poignée pour la mieux tenir, pour la balancer à bout de bras comme un cartable mince, que du high-tech luxe, chic comme un Suédois brun. Du noir mat, du noir glauque (au choix), du lisse, du doux, du vitré, du pas lourd. Je soupèse. Je la pose sur le bureau et je couche ma joue dessus. Elle est froide, elle ne fait pas de bruit, elle ne se froisse pas, elle ne macule pas. Rien ne laisse à penser qu’elle a tous les livres dans le ventre. Elle est juste malcommode : trop petite, elle flotte dans ma serviette, trop grande, elle ne se glisse pas dans ma poche. En fait, elle ressemble à Meunier, Le grand patron. Elle est inadaptée.

Paul Fournel, La Liseuse, éditions POL.


Document 3 :

Socrate
J’ai donc oui dire qu’il existait près de Naucratis, en Égypte, un des antiques dieux de ce pays, et qu’à ce dieu les Égyptiens consacrèrent l’oiseau qu’ils appelaient ibis. Ce dieu se nommait Theuth. C’est lui qui le premier inventa la science des nombres, le calcul, la géométrie, l’astronomie, le trictrac, les dés, et enfin l’écriture. Le roi Thamous régnait alors sur toute la contrée ; il habitait la grande ville de la Haute-Égypte que les Grecs appellent Thèbes l’égyptienne, comme ils nomment Ammon le dieu-roi Thamous. Theuth vint donc trouver ce roi pour lui montrer les arts qu’il avait inventés, et il lui dit qu’il fallait les répandre parmi les Égyptiens. Le roi lui demanda de quelle utilité serait chacun des arts. Le dieu le renseigna ; et, selon qu’il les jugeait être un bien ou un mal, le roi approuvait ou blâmait. On dit que Thamous fit à Theuth beaucoup d’observations pour et contre chaque art. Il serait trop long de les exposer. Mais, quand on en vint à l’écriture :
« Roi, lui dit Theuth, cette science rendra les Égyptiens plus savants et facilitera l’art de se souvenir, car j’ai trouvé un remède pour soulager la science et la mémoire. »
Et le roi répondit :
« Très ingénieux Theuth, tel homme est capable de créer les arts, et tel autre est à même de juger quel lot d’utilité ou de nocivité ils conféreront à ceux qui en feront usage. Et c’est ainsi que toi, père de l’écriture, tu lui attribues, par bienveillance, tout le contraire de ce qu’elle peut apporter.
Elle ne peut produire dans les âmes, en effet, que l’oubli de ce qu’elles savent en leur faisant négliger la mémoire. Parce qu’ils auront foi dans l’écriture, c’est par le dehors, par des empreintes étrangères, et non plus du dedans et du fond d’eux-mêmes, que les hommes chercheront à se ressouvenir. Tu as trouvé le moyen, non point d’enrichir la mémoire, mais de conserver les souvenirs qu’elle a. Tu donnes à tes disciples la présomption qu’ils ont la science, non la science elle-même. Quand ils auront, en effet, beaucoup appris sans maître, ils s’imagineront devenus très savants, et ils ne seront pour la plupart que des ignorants de commerce incommode, des savants imaginaires au lieu de vrais savants. »
(...)
Socrate
Ainsi donc, celui qui croit transmettre un art en le consignant dans un livre, comme celui qui pense, en recueillant cet écrit, acquérir un enseignement clair et solide, est vraiment plein de grande simplicité. Sans contredit, il ignore la prophétie d’Ammon, s’il se figure que des discours écrits puissent être quelque chose de plus qu’un moyen de réveiller le souvenir chez celui qui déjà connaît ce qu’ils contiennent.

Phèdre
Ce que tu dis est très juste.

Socrate
C’est que l’écriture, Phèdre, a, tout comme la peinture, un grave inconvénient. Les œuvres picturales paraissent comme vivantes ; mais, si tu les interroges, elles gardent un vénérable silence. Il en est de même des discours écrits. Tu croirais certes qu’ils parlent comme des personnes sensées ; mais, si tu veux leur demander de t’expliquer ce qu’ils disent, ils te répondent toujours la même chose. Une fois écrit, tout discours roule de tous côtés ; il tombe aussi bien chez ceux qui le comprennent que chez ceux pour lesquels il est sans intérêt ; il ne sait point à qui il faut parler, ni avec qui il est bon de se taire. S’il se voit méprisé ou injustement injurié, il a toujours besoin du secours de son père, car il n’est pas par lui-même capable de se défendre ni de se secourir.

Phèdre
Tu dis encore ici les choses les plus justes.

Socrate
Courage donc, et occupons-nous d’une autre espèce de discours, frère germain de celui dont nous avons parlé ; voyons comment il naît, et de combien il surpasse en excellence et en efficacité le discours écrit.

Phèdre
Quel est donc ce discours et comment racontes-tu qu’il naît ?

Socrate
C’est le discours qui s’écrit avec la science dans l’âme de celui qui étudie ; capable de se défendre lui-même, il sait parler et se taire devant qui il convient.

Phèdre
Tu veux parler du discours de l’homme qui sait, de ce discours vivant et animé, dont le discours écrit, à justement parler, n’est que l’image ?

Socrate
C’est cela même.

Platon, Phèdre, trad. Meunier.



Document 4 :

Nicolas-André Monsiau, "Molière lisant Tartuffe chez Ninon de Lenclos", 1802, Photo RMN-Grand Palais - Bulloz



Sujet d'écriture personnelle :

Pensez-vous que le numérique tend à réduire la différence entre parole et écriture?

jeudi 6 décembre 2012

Comment traiter un sujet d'écriture personnelle?





Pensez-vous que la sociabilité numérique et la sociabilité en chair et en os se font concurrence ou qu'elles se complètent?
1) Analyser le sujet :
a) Définir les mots importants :
Sociabilité :
- Aptitude à vivre en société.
- Ensemble de certaines formes (intellectuelles, mondaines, etc.) que prend l'aptitude à vivre en société. (TLF)
Quel sens retenir? Le sens n° 2, soit l'ensemble des interactions sociales (la parenté, les amis, les voisins, les relations de travail, les relations de services et enfin l’ensemble des autres relations).
Vous connaissez déjà l'opposition numérique/en chair et en os, ou réel/virtuel, offline/online (hors ligne/en ligne).
Concurrence : fait de s'opposer, l'un tentant de supplanter l'autre.
Concurrence s'oppose à complémentarité.
b) Mise en relation de ces mots et reformulation de la question :
Les interactions numériques (Internet et téléphone portable) s'ajoutent-elles aux relations en face à face ou ont-elles tendance à les supplanter (les remplacer) ?
Maintenant que vous avez une compréhension claire de la question, vous devez creuser les deux idées reliées par le "ou". Comment se traduit la concurrence entre numérique et face à face?
Si un individu (vous ou un autre) consacre plusieurs heures par jour à surfer ou téléphoner il disposera de moins de temps pour les rencontres en face à face. La concurrence joue sur le temps disponible. Mais elle peut jouer aussi sur la motivation de l'individu. S'il a plus de plaisir à communiquer virtuellement, il délaissera plus ou moins la communication en chair et en os.
2) Bâtir le plan de votre réflexion :
Vous avez déjà plusieurs idées à exploiter. Vous pouvez les exprimer soit dans l'introduction (brièvement) soit au début de votre développement, dans la première partie.
Ensuite, souvenez-vous que ce n'est pas tant la réponse qui compte mais la manière de la développer : donner des arguments et des faits. Ne vous fiez pas uniquement à votre opinion ou à celles qui courent dans les médias. Votre opinion est intéressante si elle se base sur votre expérience. Vous pouvez en parler puisque c'est une écriture personnelle. Il est intéressant de dire, par exemple, moi, je passe tant de temps à téléphoner, à envoyer des textos ou à clavarder (chatter) et j'ai plus de motivation dans l'échange réel ou le contraire, ou autant dans les deux cas. Donc servez-vous de votre expérience, c'est un fait. Servez-vous aussi de celle des gens que vous observez. Servez-vous enfin des faits énoncés dans les textes étudiés. Par exemple, Lafortune et Laflamme nous montrent par leur étude que le net ne rend pas solitaire. De même, Beaudouin nous montre que le téléphone et le mail ne se substituent pas au contact physique.
Si la plupart des faits que vous avez en tête montrent la complémentarité alors faites le plan suivant :
1) On craint que le virtuel ne supplante le réel, que des individus trop connectés se déconnectent du "vrai monde", etc.
2) Mais en fait ce n'est pas ce qui est constaté.
Ou bien le plan suivant :
1) On pose le problème de façon très explicite (comme plus haut).
2) On dit qu'il y a deux types de réponses : les opinions ou les impressions des gens d'une part, et d'autre part, les conclusions des études menées par les chercheurs. Et on résume ces deux types de réponses.
Si vous n'avez aucune donnée objective, aucun fait tiré d'une étude, alors basez-vous seulement sur votre expérience. Limitez la question à ceci : est-ce que dans ma vie le virtuel et le réel se disputent mon temps, mon intérêt et mon plaisir? Et répondez honnêtement sans idée préconçue.