1)
Vous ferez une synthèse concise, objective et ordonnée des
documents suivants :
Document
1 :
Depuis
sa naissance, Internet a été porteur des rêves de ses concepteurs.
A travers le réseau devait émerger une société du partage du
savoir, pacifique et égalitaire. Ces idéaux survivent malgré la
banalisation du Web.
C’est
une révolution en trois ou quatre lettres : www, url, http, html…
Il y a vingt ans, un ingénieur inventait les technologies qui
allaient donner naissance à la Toile mondiale (world
wide web).
(...)
Mais
ce que Tim Berners-Lee (1) a offert au grand public, ce ne sont pas
seulement des techniques, c’est aussi une véritable utopie fondée
sur la gratuité et le partage des connaissances, dont ont été
porteurs les pionniers du Net.
En
effet, l’aventure Internet a débuté bien avant l’émergence du
world
wide web.
Apparu dès 1969, ce que l’on appelle alors l’Arpanet relie
quelques ordinateurs situés sur des campus universitaires. Les
premiers utilisateurs sont des informaticiens pour qui le réseau
n’est rien d’autre qu’un outil de travail permettant la
collaboration à distance entre pairs. Comme le note Patrice Flichy,
l’une des particularités d’Internet est d’avoir été mis en
œuvre par et pour le monde académique, sans passer par une
quelconque forme de transfert. Ainsi, « les
informaticiens mettent des ordinateurs en réseau, pour pouvoir
échanger entre eux, et le contenu même de leur dialogue concerne la
construction de ce réseau. Un tel cercle vertueux n’est possible
que parce que l’on est en dehors du monde ordinaire, celui de la
société marchande où production et consommation sont totalement
distinctes. Ces chercheurs ont pu non seulement produire une utopie,
mais aussi la réaliser et la faire fonctionner au sein de leur
propre monde ».
L’utopie
de cette « nation-réseau », comme l’appellent certains,
s’inspire du fonctionnement du champ scientifique et se fonde sur
quatre principes. Tout d’abord, l’échange et la coopération se
font entre spécialistes, pouvant être distants physiquement mais
ayant les mêmes intérêts, participant aux mêmes revues, aux mêmes
colloques. C’est ensuite une communauté d’égaux où le statut
de chacun repose essentiellement sur le mérite, évalué par les
pairs qui vont tester, commenter, améliorer vos propositions. Le
débat est donc largement ouvert et ne peut être clos par un
argument d’autorité. L’information circule librement.
La
coopération est donc une valeur centrale au sein de cette utopie,
car elle permet de réaliser des tâches inaccessibles à un individu
isolé, comme la création d’un logiciel. Grâce à Internet, la
rapide circulation de l’information permet une grande transparence
qui facilite la coopération. Mais la transparence permet aussi
d’identifier la compétition entre les équipes. Cette
nation-réseau est enfin un monde à part, clos, réservé aux usages
académiques, où le commerce n’a pas sa place.
Coopération,
gratuité, absence de hiérarchie, libre accès à l’information :
les pionniers d’Internet sont porteurs d’une utopie forte, qu’ils
mettent en pratique. Au cours des années 1980, d’autres acteurs
tels que les hackers
(2),
inspirés par la contre-culture hippie, défendront le Net comme
outil communautaire et écologique.
Mais
à partir du moment où, au milieu des années 1990, Internet s’ouvre
au grand public, les choses ne pouvaient rester en l’état. Avec
l’arrivée du world
wide web,
l’anonymat succède à la communauté des pairs, et le réseau
ouvre ses portes au commerce. L’utopie des pionniers n’a
cependant pas complètement disparu pour autant. Le discours public
qui se développe pour encourager à la pratique d’Internet
perpétue le mythe de la communauté à travers l’image du
« village planétaire » empruntée à Marshall Mac Luhan, où
chaque internaute est « plus
qu’un utilisateur, agissant et contribuant à la richesse de la
communauté virtuelle ».
1.
Tim Berners-Lee : citoyen britannique, principal inventeur du World
Wide Web.
2.
Hacker : spécialiste dans la maîtrise de la sécurité informatique
et donc des moyens de déjouer cette sécurité.
Xavier
Molénat,
"
La force de l'utopie ",
scienceshumaines.com.
Document
2
:
Le web est né sous
le signe de la liberté des échanges, par nature et par définition.
Par delà les frontières, les cultures.
Assiste-t-on
aujourd'hui à la fin d'une utopie ?
Les
Etats, des groupes privés, cherchent de plus en plus à contrôler
un pouvoir qui leur échappe, des flux d'informations et des données
nuisant à leurs intérêts. La résistance s'organise contre une
intrusion qui dénature totalement le projet. Cette volonté de
gouvernance est ambiguë. Elle peut se justifier dans certains cas,
pour les questions liées au contrôle de certains réseaux liés à
des formes majeures de délinquance, mais le risque d'un contrôle
d'Etat à des fins politiques n'est pas imaginaire, pas plus que
l'emprise privée, commerciale sur certains contenus de la toile.
Toutes ces
tendances, déjà existantes ou perceptibles, mettent en péril
l'édifice lui-même, comme la prise de contrôle par des groupes
commerciaux des radios libres à partir de 1981 a totalement dénaturé
leur objectif et leur esprit.
Déjà Hadopi (1),
tel qu'il fut institutionnalisé, avait suscité maintes réserves,
car profitant surtout aux intérêts privés, à la source de la
diffusion de biens culturels.
Avec
SOPA (2) et PIPA (3), la crainte s'accentue d'un filtrage du net à
grande échelle, malgré des réticences exprimées sur les risques
et la constitutionnalité des mesures de blocage envisagés.
Mi-janvier, la Maison Blanche s'est (heureusement) désolidarisée
des projets de loi examinés par le Congrès. «
Nous considérons que le piratage sur Internet est un grave problème
qui nécessite une réponse législative sérieuse, mais nous ne
soutiendrons pas une législation qui réduit la liberté
d'expression, augmente les risques pour la sécurité cybernétique
et sape le dynamisme et le caractère innovant de l'Internet mondial.
»
Pour combien de temps?...
Pour combien de temps?...
Face à l'ACTA (4),
l'Hadopi international, les inquiétudes grandissent encore. Le texte
est signé par l'Union Européenne, mais pas encore entériné. Il
fait l'objet d'âpres discussions, car placé sous le signe de
l'arbitraire.
Le Web se mobilise .
« Cela signifierait que les missions de police (surveillance et
collection de preuves) et de justice (sanctions) puissent être
confiées aux acteurs privés, contournant ainsi l'autorité
judiciaire et le droit à un procès équitable. » Le caractère
flou des textes peut favoriser toutes les dérives peu compatibles
avec la Charte européenne des droits fondamentaux. La quadrature du
net est de toutes manières absurde, tout comme est irréalisable la
quadrature du cercle.
Bientôt un
enterrement de première classe?...
Un débat s'impose.
Mais il y a pire. Il
se prépare un méga cyber espion européen.
«
Pire qu'ACTA, PIPA et SOPA réunis, il y a INDECT (5), le grand
oublié des pétitions qui tournent en ce moment. Lancé en silence
le 1er janvier 2009, le programme européen de recherche INDECT est
étalé sur 5 ans. C'est le temps nécessaire pour mettre en place ce
méga cyber espion.
Officiellement, la
Commission Européenne a chargé le consortium INDECT de mettre en
place « un système intelligent d'information permettant
l'observation, la recherche et la détection en vue d'assurer la
sécurité des citoyens dans un environnement urbain » et dont le
but est en fait « la détection automatique des menaces, des
comportements anormaux ou de violence. » Voilà qui a le mérite
d'être explicite ...
Au
nom de notre « sacro-sainte » sécurité, il se construit un monde
où notre liberté semble fondre comme neige au soleil. Le consortium
INDECT est en train de plancher très discrètement sur une sorte de
méga robot qui épluchera minutieusement et automatiquement tous les
sites internet, les forums de discussion, les FTP, les P2P et même
nos ordinateurs personnels ... Une sorte de clone du projet ECHELON
(6) des Etats-Unis. Les informations collectées seront traitées par
des programmes qui seront en mesure de comprendre et d'enregistrer
les relations entre les individus ainsi que les diverses
organisations auxquelles ils appartiennent. Avec en prime, la
création automatique de dossiers sur les individus et les
différentes oragnisations. Autant dire que notre vie privée ne
l'est plus du tout. Il en ressortira une méga base de données
extrêment détaillée et pointue de chacun d'entre nous. Il y est
même question d'inclure le fichier ADN des Européens ainsi que
leurs goûts et préférences !!!
Big
Brother est bien là ... » (Stéphanie Marthely-Allard sur
blogs.mediapart.fr)
Ces nouveaux moyens
peuvent être utilisés pour le pire.
L'utopie
informatique est née aux USA.
Elle pourrait bien
mourir là-bas...
Mais le pire n'est
jamais sûr...
1.
Hadopi : Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la
protection des droits sur Internet.
2.
SOPA : Stop
Online Piracy Act, proposition de loi contre le piratage, dont la
discussion a été suspendue.
3. PIPA : projet de
loi déposé au Sénat des Etats-Unis sur la prévention des menaces
en ligne contre la créativité économique et sur le vol de la
propriété intellectuelle.
4.
ACTA : traité international multilatéral sur
le renforcement des droits de propriété intellectuelle, négocié
de 2006 à 2010 par une quarantaine de pays.
5. INDECT : Système
d’information intelligent soutenant l’observation, la recherche
et la détection pour la sécurité des citoyens en milieu urbain,
projet financé par l'Union Européenne.
6. ECHELON : le
réseau Echelon désigne le système mondial d'interception des
communications privées et publiques (SIGINT), élaboré par les
États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et la
Nouvelle-Zélande.
Marcel
Thiriet, « Internet : fin d'une utopie ? »,
marcelthiriet.blogspot.fr.
Document
3
:
Tout
le monde se servait d’une même langue et des mêmes mots. Comme
les hommes se déplaçaient à l’orient, ils trouvèrent une vallée
au pays de Shinéar et ils s’y établirent. Ils se dirent l’un à
l’autre : Allons ! Faisons des briques et cuisons-les au feu ! La
brique leur servit de pierre et le bitume leur servit de mortier. Ils
dirent : Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le
sommet pénètre les cieux ! Faisons-nous un nom et ne soyons pas
dispersés sur toute la terre ! Or Yahvé (1) descendit pour voir la
ville et la tour que les hommes avaient bâties. Et Yahvé dit :
Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule langue, et
tel est le début de leurs entreprises ! Maintenant, aucun dessein ne
sera irréalisable pour eux. Allons ! Descendons ! Et là, confondons
leur langage pour qu’ils ne s’entendent plus les uns les
autres.Yahvé les dispersa de là sur toute la face de la terre et
ils cessèrent de bâtir la ville. Aussi la nomma-t-on Babel, car
c’est là que Yahvé confondit le langage de tous les habitants de
la terre et c’est de là qu’il les dispersa sur toute la face de
la terre.
1.
Yahvé : Dieu.
Genèse,
11, La Bible
de Jérusalem.
Document
4
:
Pieter
Bruegel l'Ancien (vers 1525-1569), La Tour de Babel.
2)
Internet vous fait-il rêver ou cauchemarder ?
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