jeudi 16 octobre 2014

l'objet marchandise


L'objet marchandise

L'objet est le fruit d'un travail. Le silex taillé par exemple est issu à la fois de la nature et de l'activité d'un homme. L'objet représente donc l'addition d'une production naturelle et d'une valeur ajoutée par l'homme. L'objet, comme par exemple le livre que vous lisez, c'est du travail humain. Il n'a de sens et de valeur que par l'usage que vous en faites et parce qu'il est le résultat d'une activité. Mais, dans l'économie de marché, l'objet devient marchandise. Du coup, sa valeur ne réside plus tout entière dans le travail qui l'a produit ou dans l'usage que vous en faites. Il devient en quelque sorte indépendant du travail et de l'usage. Imaginez que le livre que vous lisez soit un exemplaire de l'édition originale de Candide de Voltaire. Sa valeur n'est plus celle du travail, elle devient celle du marché, elle augmente en fonction de la demande et de l'offre. Au lieu de valoir cinq euros comme un livre de poche, votre livre en vaut soudain dix mille. C'est ce que Marx appelle le fétichisme de la marchandise. Le fétichisme, au sens religieux, est la croyance que certains objets ont une puissance surnaturelle, divine. Marx, par analogie, applique ce terme aux échanges de marchandises dans le système capitaliste. Il veut dire que ce système confère à l'objet une puissance usurpée, qui n'est plus celle du travail humain. Dans la marchandise, le travailleur salarié ne se reconnaît plus, il n'a fait que vendre sa force de travail pour que l'entreprise produise l'objet, l'objet lui échappe complètement, ce n'est plus le fruit de sa volonté. C'est pourquoi Marx pense que le travailleur aliène son travail dans ce système. A la différence de l'artisan, il n'est plus le maître de son travail. Et l'objet produit par son travail ne lui appartient pas, à aucun moment. Le fétichisme de la marchandise signifie que le producteur comme le consommateur voient dans l'objet non pas du travail mais une valeur abstraite, déterminée par le marché, la somme que l'objet peut coûter dans telle conjoncture selon la loi du marché qui se déconnecte de la valeur d'usage et de la valeur travail. Les dix mille euros que valent l'édition originale de Candide n'ont plus rien à voir avec le travail nécessaire à la fabrication d'un livre ni même avec l'usage qu'un lecteur peut en faire.

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