1) Vous ferez une synthèse concise, objective et ordonnée des documents suivants :
Document 1 :
Les bonnes affaires sont-elles toujours celles qui
procurent le plus de satisfaction ? En cette période de soldes, une
étude scientifique américaine qui vient d’être publiée bouscule
les idées reçues. Elle montre le pouvoir du marketing. Le prix le
plus bas n’est pas toujours ce qui séduit le plus le consommateur.
Si vous trouvez plus cher
ailleurs, venez nous payer la différence ! Ça n’est pas encore le
nouveau slogan publicitaire des hypermarchés, mais effectivement, le
travail effectué par des chercheurs de l’Institut d’économie de
Californie, démontre qu’un prix élevé peut être un critère
positif pour apprécier un produit. Il s’agit d’un test effectué
sur une vingtaine de volontaires. Une dégustation de vins à
l’aveugle : des bouteilles de Cabernet Sauvignon californien. Seule
information donnée aux cobayes : le prix des bouteilles. La ruse a
consisté à proposer des séries avec deux fois le même vin, une
fois en indiquant son prix réel, une autre avec un faux prix. Par
exemple une bouteille à 90 dollars a été présentée comme valant
10 dollars. On a aussi fait passer un vin à 5 dollars comme valant
45 dollars. Pendant la dégustation, les scientifiques ont scanné le
cerveau des volontaires, analysé une zone qui enregistre les
plaisirs liés aux goûts. Résultat : quand le consommateur est
persuadé qu’un vin est plus cher, son cerveau le ressent comme
meilleur, le plaisir est plus grand. La force de cette expérience,
c’est qu’on n’a pas seulement demandé aux cobayes leur avis.
On a essayé de mesurer objectivement leur perception. Et cela montre
qu’un élément qui n’a rien à voir avec les qualités du
produit – le prix – influe très fortement sur la satisfaction
qu’il procure. Mais alors que faut-il conclure de cette expérience
; que l’on peut faire avaler n’importe quoi au consommateur ?
Non, mais que l’acte d’achat est déterminé par des facteurs
multiples, qu’il fait intervenir des critères qui ne sont pas
seulement liés à des qualités objectives. C’est cette dimension
qui est va être exploitée dans le marketing et la publicité, et
sur laquelle le prix entre en jeu. Surtout pour des produits
complexes, qu’il est difficile d’apprécier par soi même quand
on n’est pas expert. C’est le cas du vin. Sauf à être œnologue,
on entre chez un caviste en ayant en tête, si on ne s’y connaît
pas, qu’un prix plus élevé est gage de qualité. Moins le
consommateur est informé, plus le prix apparaît comme une garantie.
Ou comme la porte d’entrée dans un univers où l’on se trouve
valorisé. Grands crus, café en dosettes haut de gamme, ou jeans de
grandes marques, le deuxième enseignement, c’est que la
consommation se détermine non seulement en fonction de besoins
parfaitement rationnels, mais aussi de nos désirs, c’est-à-dire
de notre imaginaire. Mêlés aux qualités d’un produit, il y a
l’univers qu’il évoque, le sentiment qu’il procure
d’appartenir à certains groupes sociaux, d’atteindre le luxe. Le
prix que l’on paie, c’est aussi le prix du rêve.
Emmanuel Kessler, "Le
prix, ça fait aussi partie du rêve", franceinfo.fr, 2008.
Document
2 :
Afin de
motiver le public, la communication (au sens large : publicité,
design du produit, choix des textures, discours de la marque,
logotype ...) doit créer autour de l'objet un univers symbolique
fort et immédiatement reconnaissable. Le consommateur doit vouloir
et pouvoir s'identifier à cet univers et à ces valeurs. L'acte
d'achat devient alors presque une "profession de foi". Le
discours fondé sur les qualités du produit n'existe plus que
lorsqu'il y a innovation technologique, et donc unicité de l'offre.
Dans les autres cas, on ne présente plus une voiture, mais
"l'instrument incontournable de votre liberté". Le
produit devient un prétexte pour parler au consommateur de ce qui
l'intéresse par dessus tout : lui-même. Un produit ou un
service ne sont donc plus présentés tels quels au public,
mais re-présentés symboliquement pour provoquer l'adhésion.
Par cette
représentation, la communication insiste sur "le bénéfice
consommateur" et non sur les qualités du produit, (ce qui
constitue la différence fondamentale entre la publicité actuelle et
la réclame d'antan.) La représentation est définie par le fait de
"rendre sensible un objet ou un concept au moyen d'une image,
d'une figure, d'un signe." (Petit Robert) La
communication manipule l'utilisation des images et des signes, pour
nous les rendre plus séduisants, et transformer "la part du
produit" en "part de rêve". Dans La Société de
consommation, Baudrillard précise : "On
ne consomme jamais l'objet en soi ( dans sa valeur d'usage ) - on
manipule toujours les objets (au sens le plus large) comme signes qui
vous distinguent soit en vous affiliant à votre groupe pris comme
référence idéale, soit en vous démarquant de votre groupe par
référence à un groupe de statut supérieur"
.
Consommer,
c'est donc "être en représentation" : se faire valoir, se
montrer et montrer des préférences qu'on exhibe comme signes
distinctifs ...Une représentation bien ciblée est stratégique pour
la survie d'une marque : elle fédère le public autour de ses
valeurs, et crée un imaginaire qui se transforme en pulsions
d'achats. Elle tient compte d'un imaginaire collectif bien établi
(sur les notions de "terroirs" par exemple), de valeurs
consensuelles en adéquation avec l'époque (l'écologie, la
diversité ethnique...), et de spécificités liées à la marque
(son historique par exemple : certaines marques se construisent
d'ailleurs de toutes pièces un historique afin de se rendre
crédibles).
Finalement,
ce ne sont plus les produits qui sont représentés, mais les valeurs
qu'ils doivent communiquer. Ainsi, une crème
cosmétique, un yaourt, une voiture ou un téléphone, deviendraient
nos meilleurs alliés et nous rendraient "libres",
"heureux", "beaux" ... et "sexy".
En 2002, les
idéaux de bonheur, de liberté, de fraternité, et plus généralement
de réussite individuelle et collective sont véhiculés en
permanence par la publicité avec plus d'efficacité que par les
religions, la philosophie ou les programmes politiques.
Dans
la consommation, un individu ne satisfait pas un manque
(contrairement au mythe récurrent), il échange des signes : "On
jouit seul, mais la consommation, elle, n'est jamais solitaire, c'est
un système de communication, elle implique toujours le regard et
l'évaluation des autres. Elles brassent des standards et des
représentations collectives. La réorganisation des besoins en
signes est la façon dont la société entière communique et se
parle." (Baudrillard, La Société de
consommation)
Il
faut donc admettre que le besoin n'est jamais le besoin de tel objet
mais bien plutôt le besoin de distinction "valorisante" et
c'est pour cette raison qu'il n'y a jamais de sentiment de
satisfaction définitif ni d'ailleurs de définition objective du
besoin (on entre ainsi dans la logique du désir -au sens social- qui
implique le regard et la reconnaissance des autres). Rousseau nomme
ce processus "l'amour-propre"
: "L'homme,
à l'état de société, vit en dehors de lui-même, dans l'opinion
des autres"...
L'homme vit donc dans la représentation des autres, au double sens
du génitif. C'est pour cela qu' il n'y a pas de limite aux besoins
de l'homme en tant qu'être social : la logique du prestige et le
souci de distinction sont les moteurs de la consommation et non pas
la sensation d'un manque objectif.
Paradoxalement,
ce désir de reconnaissance et de distinction produit des êtres
standardisés puisque, dans la pratique de la consommation, se
différencier c'est toujours s'affilier à des modèles
artificiellement démultipliés (comme les marques de lessive ! ) .
Il y a une production industrielle de différences stéréotypées : la petite note claire dans les cheveux qui
"nous rend plus que jamais
nous-mêmes", le dernier modèle
de vase ou d'essuie-main qui "personnalise"
notre maison, annulent au contraire toute différence réelle... Au
lieu de marquer un être singulier, ces stratégies de
personnalisation marquent au contraire l'obéissance à un code qui
entretient l'économie de production par les jeux artificiels des
représentations. "Le système ne joue jamais sur les
différences réelles (singulières, irréductibles) entre des
personnes [...] Il élimine le contenu propre, l'être propre de
chacun (forcément différent) pour y substituer la forme
différentielle, industrialisable et commercialisable des "signes
distinctifs"." (Baudrillard, La Société de
consommation)
"Représentation et communication publicitaire", philophil.com
Document 3 :
[Les personnages principaux du roman vivent dans l’unique préoccupation de réussir matériellement.]
Ils auraient aimé être riches. Ils croyaient qu’ils auraient su l’être. Ils auraient su s’habiller, regarder, sourire comme des gens riches. Ils auraient eu le tact, la discrétion nécessaires. Ils auraient oublié leur richesse, auraient su ne pas l’étaler. Ils ne s’en seraient pas glorifiés. Ils l’auraient respirée. Leurs plaisirs auraient été intenses. Ils auraient aimé marcher, flâner, choisir, apprécier. Ils auraient aimé vivre. Leur vie aurait été un art de vivre.
Ces choses-là ne sont pas faciles, au contraire. Pour ce jeune couple, qui n’était pas riche, mais qui désirait l’être, simplement parce qu’il n’était pas pauvre, il n‘existait pas de situation plus inconfortable. Ils n’avaient que ce qu’ils méritaient d’avoir. Ils étaient renvoyés, alors que déjà ils rêvaient d’espace, de lumière, de silence, à la réalité, même pas sinistre, mais simplement rétrécie - et c’était peut-être pire – de leur logement exigu, de leurs repas quotidiens, de leurs vacances chétives. C’était ce qui correspondait à leur situation économique, à leur position sociale. C’était leur réalité, et ils n’en avaient pas d’autre. Mais il existait, à côté d’eux, tout autour d’eux, tout au long des rues où ils ne pouvaient pas ne pas marcher, les offres fallacieuses, et si chaleureuses pourtant, des antiquaires, des épiciers, des papetiers. Du Palais-Royal à Saint-Germain, du Champ-de-Mars à l’Étoile, du Luxembourg à Montparnasse, de l’île Saint-Louis au Marais, des Ternes à L’Opéra, de la Madeleine au parc Monceau, Paris entier était une perpétuelle tentation. Ils brûlaient d’y succomber, avec ivresse, tout de suite et à jamais. Mais l’horizon de leurs désirs était impitoyablement bouché ; leurs grandes rêveries impossibles n’appartenaient qu’à l’utopie..
Georges
Perec, Les Choses,
I, 2, 1965.
Document 4 :
Publicité pour Nike.
2) Écriture personnelle :
Pensez-vous que le rêve déclenché par les objets de
consommation soit celui d'une satisfaction des sens ou d'une
valorisation de soi?
Une esquisse de corrigé de la synthèse se trouve ici.
Une esquisse de corrigé de la synthèse se trouve ici.
Pourrais je avoir le corriger SVP?
RépondreSupprimerc'est le sujet sur lequel on va tomber demain en BTS ?
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