lundi 28 avril 2014

corrigé partiel de la synthèse n°5 (intro et première partie)

Le corpus est ici.

        L'homme étant comme disait Aristote un animal politique ou sociable, il est naturel qu'il forme des entreprises collectives. Il cherche le bonheur dans la cité, en créant ou en réformant la société. Les utopies sont justement les conceptions d'une vie collective idéale. Mais ces projets, quand ils commencent à se réaliser, rencontrent des obstacles. On le voit aussi bien dans la construction de la tour de Babel que dans celle d'Internet. C'est en effet ce que nous montre ce corpus composé de trois textes et d'une image. Pour commencer à se réaliser, une utopie doit être portée par une force collective. Mais cette force entre en rapport avec une autre force qui peut lui faire obstacle. La question est : comment savoir qu'une utopie est réalisable ou non ? Le seul moyen, c'est de tenter de la réaliser. Ce corpus nous révèle, à travers deux cas différents, ce qui advient lorsque ces forces différentes s'affrontent. Dans une première partie, nous verrons l'essor de l'utopie et dans une seconde son échec ou les risques qu'elle encourt.
        Voyons tout d'abord comment l'utopie peut naître et commencer à se réaliser. On peut noter que ces deux rêves, celui de Babel et celui d'Internet, impliquent un savoir-faire technique. Il s'agit dans les deux cas de créer et d'innover. Les hommes de Babel utilisent des briques et du mortier, au lieu de pierre et de bitume, c'est-à-dire des matériaux inhabituels apparemment. Sans doute est-ce que dans cette vallée de Shinéar où ils s'installent on ne trouve pas de pierre. On voit bien, puisque ces hommes décident de cuire ces briques, qu'il s'agit d'une innovation. Si la cuisson était déjà un usage établi, on ne voit pas pourquoi ils ajouteraient cette précision. Dans le cas d'Internet aussi, nous avons innovation technique. Xavier Molénat résume les étapes de la gestation et de la mise en œuvre d'Internet. En premier, un réseau d'ordinateurs de campus universitaires, qu'on appelle Arpanet. La technique ici est l'informatique et les usagers sont d'abord des informaticiens. De plus, cette cité virtuelle sert à réunir des spécialistes, scientifiques, chercheurs, techniciens. Comme dans l'histoire de Babel, le projet collectif réunit ceux qui le réalisent et, par extension, ceux qui travaillent ensemble à élaborer un savoir. Dans les deux cas, la mise en œuvre de l'utopie est donc une affaire technique et une affaire qui rassemble, qui cimente une communauté. Marcel Thiriet le confirme en disant qu'Internet transcende les cultures et les frontières. L'utopie ici abolit ou surmonte la diversité humaine pour atteindre à l'unité comme dans le peuple de Babel. Dans les deux entreprises, on trouve des hommes qui parlent la même langue, soit celle du peuple de Babel soit celle de la science moderne. Ce sont donc des hommes qui sont faits pour s'entendre et se comprendre. On peut ajouter une troisième caractéristique. Xavier Moléat nous dit qu'Arpanet réunit des égaux, des gens qui ont le même statut. Or il semble bien qu'on trouve la même égalité chez les hommes de Babel, d'après la Genèse, puisqu'ils emploient la première personne du pluriel de l'impératif. Ils ne donnent pas d'ordre. Ils décident ensemble. Peut-être le tableau de Bruegel diffère-t-il un peu sur ce point dans la mesure où l'on y voit des ouvriers agenouillés devant un personnage richement vêtu. Une quatrième caractéristique se dégage des deux cas. Il s'agit de manifestations de la liberté humaine. Les hommes de Babel décident, ils sont confiants en leur force, rien ne semble pouvoir limiter leur volonté, ils veulent que la tour rejoigne le ciel. De même, les concepteurs et les défenseurs du net prônent la liberté des échanges, leur projet est un monument de la liberté humaine. Et c'est cette liberté qu'ils s'associent pour défendre quand ils la sentent menacée par ce que nous verrons dans la deuxième partie, les forces qui veulent la modifier ou la restreindre.

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