1) Vous ferez une
synthèse concise, objective et ordonnée des documents suivants :
Document 1 :
Poupée,
panoplie de princesse ou dînette pour les filles ; voiture,
habit de pompier ou château fort pour les garçons : les
commandes au Père Noël sont conformes à une image stéréotypée
du masculin et du féminin. Mais à qui revient la responsabilité
d'un choix sexué ? A l'enfant, à ses parents ou à la société
?
Dans
la Grèce antique, selon des peintures et des vestiges retrouvés
dans les tombes, il existait déjà des poupées, des chevaux à
roulettes, des dînettes et des petites voitures ! Au XIXe
siècle, on retrouve sous la plume de la Comtesse de Ségur, dans Les Malheurs de Sophie, la description de jouets
féminins : dînette en porcelaine et poupée de cire ;
tandis que Victor Hugo immortalise la poupée de Cosette dans "Les
Misérables".
Par
l'apprentissage précoce de la collectivité en crèche, l'enfant est
confronté aussi bien aux jouets traditionnellement destinés aux
filles (poupées, dînettes…) qu'à ceux plus spécifiquement
attribués aux garçons (circuits de trains, garage, jeux de
construction…) : ses préférences ne dépendent pas encore de
son sexe. Peu de parents, pourtant, laissent leur enfant affirmer
librement ses goûts, peut-être par crainte que leur fille soit un
"garçon manqué" ou que leur fils devienne une vraie
fillette !
En
grandissant, l'enfant affirme sa différence sexuelle : au
conditionnement de la petite enfance succède le désir
d'identification avec le parent du même sexe dont il fait son
modèle. Le jouet est un moyen pour l'enfant de vivre "pour de
rire" à la façon des adultes. Les enfants reproduisent donc ce
qu'ils croient être la fonction du papa ou celle de la maman. Ainsi,
la petite fille cuisine, lange son poupon, fait belle sa
poupée-mannequin, joue à l'infirmière… Le garçon conduit motos
et voitures, construit des circuits ou des maquettes et joue au
médecin ou à la guerre.
Mais
l'enfant est aussi influencé par les magazines et la télévision :
ainsi, quelle que soit la mode vestimentaire suivie par leur mère,
les fillettes rêvent en rose et n'habillent leur poupée-mannequin
qu'avec des robes clinquantes. Les garçons, eux, n'ont souvent
d'yeux que pour les jeux d'aventure et de stratégie. Ils adoptent
volontiers G.I. Joe et autres Big Jim, pendants masculins de la
poupée-mannequin, entre parachutiste et Superman !
Même
les concepteurs de jeux entretiennent cette séparation. Ainsi, le
jeu Pokémon, succès planétaire sur console game-boy (mot à mot :
jeu-garçon…), est clairement prévu pour les garçons. La règle
du jeu décrit d'ailleurs l'affrontement de deux garçons, le joueur
et son rival virtuel. Les filles, elles, n'ont qu'à collectionner et
échanger les cartes Pokémon ou acquérir des objets dérivés à
l'effigie de leur petit préféré, Pikachu : sacs, bijoux,
porte-clés…
La
vigilance des parents est donc nécessaire : les jouets qu'ils
choisissent pour leur enfant portent une " idéologie ".
A l'heure où les femmes participent professionnellement à la
société, pourquoi cantonner la fillette, à travers ses
jouets, au rôle de ménagère ou de mannequin-potiche ?
Pourquoi s'obstiner à faire du garçon un ingénieur et lui offrir
des jeux de construction, s'il préfère cuisiner et jouer à la
dînette ? Sans pour autant offrir systématiquement une poupée
à leur garçon, ils peuvent l'orienter vers d'autres objets que les
armes ou les véhicules. De même, sans refuser à une fille
d'apprendre à séduire, ils peuvent la diriger vers d'autres centres
d'intérêt.
A
l'heure où l'égalitarisme entre hommes et femmes tente de
s'imposer, il est remarquable que les différences sexuelles soient
autant marquées dans l'univers du jouet. Même les grands magasins
possèdent deux rayons bien différenciés. Résistance consciente ou
non à une réforme des moeurs ? Il est probable, cependant,
qu'au fil des évolutions sociales, les différences entre jouets des
deux sexes s'estomperont.
- Marianne Chouchan, "Les jouets ont-ils un sexe ?", www.doctissimo.fr
- Document 2 :
Lors de leurs briefings préparatoires à la requête au Père Noël, Clara et Zoé, 8 et 5 ans, ont d'abord caressé l'idée de demander un circuit pour voitures. Puis, tout à coup, elles ont eu un doute: le circuit, ce ne serait pas un jouet pour garçons? «J'ai démenti avec la dernière énergie l'idée selon laquelle il y aurait des jouets réservés à l'un ou l'autre sexe, raconte leur mère. Tous ces trucs roses pour filles, je déteste!» Mais elle hésite à acheter le circuit : «Le problème, c'est que je ne suis pas du tout sûre qu'elles en aient encore envie.»
Le cas de Clara et Zoé n'est pas désespéré: elles traversent simplement un âge particulièrement sensible aux codes sexués, comme l'explique ci-dessous la chercheuse Anne Dafflon Novelle. Le problème d'une maman moderne comme la leur, c'est que même si elle décide de leur acheter un objet neutre comme un vélo, elle va se retrouver à choisir entre rose et bleu : le beau vélo rouge qui passe de la sœur au petit frère, du cousin à la cousine, est en train de devenir un objet rare.
En revanche, si la mère de Clara et Zoé va chez Manor, elle trouvera le coin boutique Girly Shop, créé l'an dernier et spécialement réservé aux fillettes de 6 à 10 ans, où elle pourra acheter une radio, une calculatrice ou un radio-réveil Hello Kitty très, très nana. Au rayon jouets, elle verra que même les chevaux se déclinent en super pink (My Little Poney) et à l'étage multimédias, elle trouvera la PlayStation rose bonbon de chez Sony. Pendant ce temps, chez les grands, Wernli sort un biscuit for men only (Guara) et Cardinal invente la bière pour femmes (Eve).
Le «regendering» est en marche. L'incontournable tendanceur parisien Vincent Grégoire observe, dans le magazine Stratégies, que le courant «s'amplifie». Il consiste, pour les fabricants, à miser de plus en plus sur la différenciation sexuelle. Le bon vieux Levi's unisexe est parti faire un tour sur Mars et Vénus (voir le best-seller «Les Hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus» de John Gray). Filles et garçons font désormais jean séparé: strass et broderies d'un côté, tons sombres et coupe baggy de l'autre. Et Anne Dafflon Novelle de mettre en évidence ce paradoxe sociologique : le destin des hommes et des femmes n'a jamais été aussi ouvert, et pourtant, les garçons et les filles n'ont jamais été entourés d'objets aussi différenciants. Dans le domaine du jouet, le phénomène est accentué par le fait que les fabricants visent des enfants de plus en plus jeunes, pour compenser la défection des préados. C'est ainsi que l'an dernier on a vu apparaître le premier appareil photo numérique pour les 3 à 6 ans. En rose ou bleu, bien sûr.
Mais la sexualisation des produits ne concerne pas que les enfants. Et pour cause : elle part notamment de la constatation, faite par les stratèges du «marketing de genre», que les foyers composés de maman-papa et les enfants ne sont plus le modèle dominant. En France, ils sont déjà minoritaires. En Suisse, 40% des foyers sont aujourd'hui monoparentaux ou composés d'une seule personne. Cette évolution a notamment pour effet de faire des hommes des acheteurs plus actifs qu'avant. Fabricants et publicitaires se mettent en quatre pour les séduire. Le premier pari consiste à leur faire une place dans des marchés à clientèle traditionnellement féminine : les produits de beauté pour hommes sont une des success stories commerciales de ces dernières années, et les bijoux aspirent à suivre le mouvement. (...)
Mais les fabricants poussent plus loin la logique et entreprennent de sexualiser des produits qui, jusqu'ici, somnolaient dans les limbes du genre neutre. C'est ainsi qu'on a vu des téléphones portables en forme de poudrier proposer des programmes avec calcul des calories et du cycle menstruel. Côté couleurs, après le «pink», c'est l'or qui est à la hausse pour plaire à Madame. Tandis que le rayon alimentation présente les dernières créatures du «regendering» : Danone vient de lancer en France les premiers yaourts pour filles (ils nourrissent la peau de l'intérieur) habillés de rose et d'argent, et Contrex fait de l'œil à madame avec un bouchon fuchsia en forme de cœur. Lancé en début d'année, le Coca-Cola Zéro, un «light» sombre et viril, casse la baraque. Du coup, Pepsi lance un autre «light», féminisé : blanc, rose, bleu ciel et plus petit, pour les femmes-femmes qui boivent comme des oiseaux.
Anna
Lietti, "Nouveau!
Les objets ont un sexe", www.letemps.ch
Document
3 :
Il
vit beaucoup de lumières dans le cabinet ; toutes les fenêtres en
étaient ouvertes et, en se glissant le long des palissades, il s’en
approcha avec un trouble et une émotion qu’il est aisé de se
représenter. Il se rangea derrière une des fenêtres, qui servaient
de porte, pour voir ce que faisait Mme de Clèves. Il vit qu’elle
était seule ; mais il la vit d’une si admirable beauté qu’à
peine fut-il maître du transport que lui donna cette vue. Il faisait
chaud, et elle n’avait rien, sur sa tête et sur sa gorge, que ses
cheveux confusément rattachés. Elle était sur un lit de repos,
avec une table devant elle, où il y avait plusieurs corbeilles
pleines de rubans ; elle en choisit quelques-uns, et M. de Nemours
remarqua que c’étaient des mêmes couleurs qu’il avait portées
au tournoi. Il vit qu’elle en faisait des nœuds à une canne des
Indes, fort extraordinaire, qu’il avait portée quelque temps et
qu’il avait donnée à sa sœur, à qui Mme de Clèves l’avait
prise sans faire semblant de la reconnaître pour avoir été à M. de
Nemours. Après qu’elle eut achevé son ouvrage avec une grâce et
une douceur que répandaient sur son visage les sentiments qu’elle
avait dans le cœur, elle prit un flambeau et s’en alla, proche
d’une grande table, vis-à-vis du tableau du siège de Metz, où
était le portrait de M. de Nemours ; elle s’assit et se mit à
regarder ce portrait avec une attention et une rêverie que la
passion seule peut donner.
On
ne peut exprimer ce que sentit M. de Nemours dans ce moment. Voir au
milieu de la nuit, dans le plus beau lieu du monde, une personne
qu’il adorait, la voir sans qu’elle sût qu’il la voyait, et la
voir tout occupée de choses qui avaient du rapport à lui et à la
passion qu’elle lui cachait, c’est ce qui n’a jamais été
goûté ni imaginé par nul autre amant.
- Mme de Lafayette, La Princesse de Clèves, 1678.
Document
4 :
2)
Ecriture personnelle :
Pensez-vous que les
objets contribuent à produire le genre ?
Quelqu'un aurait-il le corrigé de ma synthèse svp ?
RépondreSupprimer