1)
Vous ferez une synthèse concise, objective et ordonnée des
documents suivants :
Document
1 :
A-t-on
besoin d'avoir toujours plus pour être heureux ?
L'interrogation n'est pas nouvelle, certains se la posent depuis
belle lurette mais la crise aidant, elle revient en force. Et inspire
ici et là des actes de rébellions. Ce challenge des 100 objets en
est un, comme l'explique Sophie Dubuisson-Quellier, chercheur au
CNRS et à Sciences Po. «C'est
une forme de militantisme. Avec un but précis : Porter un
message sur la place publique. Vivre avec 100 objets, cela tient
presque du slogan. Ça parle aux gens tout de suite...»
Définir
les objets prioritaires amène à des questions existentielles du
genre : faut-il se limiter en livres ? En sous-vêtements ? Et
que faire du canapé du salon ? Dave a décidé d'exclure tout
les «biens
partagés» (lit,
table de la salle à manger...) pour ne décompter que les objets
strictement personnels. En s'accordant quelques libertés comme
pouvoir changer un objet par un autre. Ou compter les caleçons dans
un même groupe, comme un seul objet. Idem pour les chaussettes.
Un
peu trop facile au goût de Colin, beau gosse baroudeur, qui raconte
sur son blog, photos à l'appui, comment il a réussi à tomber à 72
puis 51 objets, pour être libre comme l'air et déménager à la
vitesse de l'éclair. Dans son règlement, précise-t-il, les
lunettes de vue et son étui ne font qu'un, le papier toilette et la
nourriture ne comptent pas.
Plus
pragmatique, le blog de Rowdy Kittens propose des conseils pratiques
pour décrocher en douceur:
«commencer petit, en donnant par exemple dix objets par semaine à
une association caritative»,
«fuyez
les galeries marchandes» et «les pubs à la télé»
pour ne pas être tenté. Autre moyen de résister : se répéter
chaque fois que nécessaire que «moins
d'affaires simplifie le ménage» et
que
«le désordre est une forme de procrastination».
Sur
sa liste, la blogueuse ne compte tout de même qu'un seul objet pour
ses élastiques à cheveux. Elle affirme que
«le challenge des 100 choses peut paraître arbitraire mais au fond,
c'est un bon exercice. Il nous oblige à faire l'inventaire de tout
ce qu'on a, nos buts dans la vie. Le plus gros défi est de décider
ce qui compte et ce qui ne compte pas.»
Caracolent
en tête des objets indispensables : l'ordinateur portable, le wi-fi,
MP3 et autres disques durs. «Ce
grand écart entre un mode de vie dépouillé et un usage avancé des
nouvelles technologies peut sembler paradoxal, reconnaît
Sophie Dubuisson-Quellier. Mais
pour eux, cela ne l'est pas du tout: les militants anti-consuméristes
ont des pratiques très développées en matière d'usage des
nouvelles technologies. C'est en accord avec leur objectif que de
faire passer un message le plus largement possible».
Pour
la sociologue Anne Chaté, aussi, «mettre
dans sa liste un ordinateur est tout à fait défendable. C'est comme
pour un régime minceur. Il vaut mieux des habitudes alimentaires
saines qu'un régime sévère qui débouche sur des frustrations et
des excès. Il vaut mieux une modération... modérée.»
Le
100
thing challenge
n'est qu'un défi du genre. On en trouve à la pelle sur la toile,
cheminant de blogs en blogs, de Facebook à Twitter, se revendiquant
du courant de la «simplicité volontaire» bien ancré aux
Etats-Unis...
Certains
parviennent jusque dans les colonnes des journaux, indépendamment du
nombre de personnes concernées d'ailleurs. Si le défi des 100
objets n'a pas trouvé d'écho, pour l'heure, en France, d'autres
initiatives s'exportent bien : la journée mondiale sans achat («Buy
not day»), ou le freegan, qui consiste à consommer le moins
possible en récupérant les aliments encore consommables dans les
poubelles des magasins.
«Il
est important de distinguer ces formes de militantisme, pensées pour
être médiatisées, des pratiques plus diffuses et éparses de ces
consommateurs qui s'interrogent au coup par coup sur l'opportunité
de tel ou tel achat et qui décident de modifier leurs
comportements», conclut
Sophie Dubuisson-Quellier.
Marie
Piquemal, "Ils ont décidé de vivre avec cent objets",
Libération, 16 août 2010.
Document 2 :
La
chambre de Gandhi dans son ashram à Sevagram, Wardha.
Document
3 :
[Nana,
jeune courtisane et actrice, est entretenue par le comte Muffat qui
l'a installée dans un hôtel particulier richement meublé.]
Nana
n’ouvrait le grand salon, du Louis XVI trop riche, que les soirs de
gala, quand elle recevait le monde des Tuileries ou des personnages
étrangers. D’habitude, elle descendait simplement aux heures des
repas, un peu perdue les jours où elle déjeunait seule dans la
salle à manger, très haute, garnie de Gobelins, avec une crédence
monumentale, égayée de vieilles faïences et de merveilleuses
pièces d’argenterie ancienne. Elle remontait vite, elle vivait au
premier étage, dans ses trois pièces, la chambre, le cabinet et le
petit salon. Deux fois déjà, elle avait refait la chambre, la
première en satin mauve, la seconde en application de dentelle sur
soie bleue ; et elle n’était pas satisfaite, elle trouvait ça
fade, cherchant encore, sans pouvoir trouver. Il y avait pour vingt
mille francs de point de Venise au lit capitonné, bas comme un
sopha. Les meubles étaient de laque blanche et bleue, incrustée de
filets d’argent ; partout, des peaux d’ours blancs
traînaient, si nombreuses, qu’elles couvraient le tapis ; un
caprice, un raffinement de Nana, qui n’avait pu se déshabituer de
s’asseoir à terre pour ôter ses bas. À côté de la chambre, le
petit salon offrait un pêle-mêle amusant, d’un art exquis ;
contre la tenture de soie rose pâle, un rose turc fané, broché de
fils d’or, se détachaient un monde d’objets de tous les pays et
de tous les styles, des cabinets italiens, des coffres espagnols et
portugais, des pagodes chinoises, un paravent japonais d’un fini
précieux, puis des faïences, des bronzes, des soies brodées, des
tapisseries au petit point ; tandis que des fauteuils larges
comme des lits, et des canapés profonds comme des alcôves,
mettaient là une paresse molle, une vie somnolente de sérail. La
pièce gardait le ton du vieil or, fondu de vert et de rouge, sans
que rien marquât trop la fille, en dehors de la volupté des
sièges ; seules, deux statuettes de biscuit, une femme en
chemise cherchant ses puces, et une autre absolument nue, marchant
sur les mains, les jambes en l’air, suffisaient à salir le salon
d’une tache de bêtise originelle. Et, par une porte presque
toujours ouverte, on apercevait le cabinet de toilette, tout en
marbre et en glace, avec la vasque blanche de sa baignoire, ses pots
et ses cuvettes d’argent, ses garnitures de cristal et d’ivoire.
Un rideau fermé y faisait un petit jour blanc, qui semblait dormir,
comme chauffé d’un parfum de violette, ce parfum troublant de Nana
dont l’hôtel entier, jusqu’à la cour, était pénétré.
Emile
Zola, Nana, 1880.
Document
4 :
Le
ressort central de la vie sociale, dit Veblen (1), est la rivalité
ostentatoire qui vise à exhiber une prospérité supérieure à
celle de ses pairs. La différenciation de la société en de
nombreuses couches excite la rivalité générale.
La
course à la distinction pousse à produire bien davantage que ce que
requérerait l’atteinte des « fins utiles » : «
Le rendement va augmentant dans l’industrie, les moyens d’existence
coûtent moins de travail, et pourtant les membres actifs de la
société, loin de ralentir leur allure et de se laisser respirer,
donnent plus d’effort que jamais afin de parvenir à une plus haute
dépense visible. La tension ne se relâche en rien, alors qu’un
rendement supérieur n’aurait guère eu de peine à procurer le
soulagement si c’était là tout ce qu’on cherchait;
l’accroissement de la production et le besoin de consommer
davantage s’entre-provoquent: or ce besoin est indéfiniment
extensible. » En effet, il ne s’arrête jamais : repensons à
nos milliardaires. Qu’acheter, quand chacun a son avion décoré de
bois précieux et de marbre? Une collection d’objets d’art. Une
fusée. Un sous-marin. Et ensuite? Une villégiature sur la Lune.
Autre chose, toujours, car la satiété n’existe pas dans la
compétition somptuaire.
Enfin,
la classe de loisir, au sommet, se coupe de la société. « Ce
qui compte pour l’individu élevé dans le grand monde, explique
Veblen, c’est l’estime supérieure de ses pareils, la seule qui
fasse honneur. Puisque la classe riche et oisive a tant grandi, (. .
.) puisqu’il existe un milieu humain suffisant pour y trouver
considération, on tend désormais à mettre à la porte du système
les éléments inférieurs de la population; on n’en veut même
plus pour spectateurs; on ne cherche plus à les faire applaudir ni
pâlir d’envie. »
La
théorie de Veblen paraît si claire qu’il est à peine besoin de
la commenter. Observons nos oligarques. Et regardons comment les 4×4,
les voyages à New York ou à Prague, les écrans ultraplats, les
caméras numériques, les téléphones télévisions, les cafetières
perfectionnées… – comment l’incommensurable amoncellement
d’objets qui constitue le décor de nos sociétés d’opulence se
déverse en cascade, jusqu’aux rangs les plus modestes de la
société, au fur à mesure que leur découverte par les hyper-riches
recule dans un temps de plus en plus frénétique. Mais les filtres
des possibilités de chacun, à mesure que l’on descend l’échelle
de la richesse, écrèment cruellement le flot des fruits de la corne
d’abondance. Ils laissent inassouvi le désir inextinguible
qu’excite la dilapidation clinquante des oligarques. (...)
Qui,
aujourd’hui, consomme le plus de produits matériels? Les
hyper-riches? Pas seulement. Individuellement, ils gaspillent certes
outrageusement, mais collectivement, ils ne pèsent pas si lourd que
ça. L’oligarchie? Oui, cela commence à faire nombre. Mais cela ne
suffit pas encore. Ensemble, Amérique du Nord, Europe et Japon
comptent un milliard d’habitants, soit moins de 20 % de la
population mondiale. Et ils consomment environ 80 % de la richesse
mondiale. Il faut donc que ce milliard de personnes réduise sa
consommation matérielle. Au sein du milliard, pas les pauvres, mais
pas seulement non plus les vilains de la couche supérieure. Disons,
500 millions de gens, et appelons-les la classe moyenne mondiale. Il
y a d’assez fortes chances que vous fassiez partie – comme moi-
de ces personnes qui réduiraient utilement leur consommation
matérielle, leurs dépenses d’énergie, leurs déplacements
automobiles et aériens.
Mais
nous limiterions notre gaspillage, nous chercherions à changer notre
mode de vie, tandis que les gros, là-haut, continueraient à se
goberger dans leurs 4×4 climatisés et leurs villas avec piscine?
Non. La seule façon que vous et moi acceptions de consommer moins de
matière et d’énergie, c’est que la consommation matérielle –
donc le revenu – de l’oligarchie soit sévèrement réduite. En
soi, pour des raisons d’équité, et plus encore, en suivant la
leçon de ce sacripant excentrique de Veblen, pour changer les
standards culturels de la consommation ostentatoire. Puisque la
classe de loisir établit le modèle de consommation de la société,
si son niveau est abaissé, le niveau général de consommation
diminuera. Nous consommerons moins, la planète ira mieux, et nous
serons moins frustrés par le manque de ce que nous n’avons pas.
Le
chemin est tracé. Mais les hyper-riches, la nomenklatura, se
laisseront-ils faire?
(1)
Thorstein
Veblen, 1857-1929, économiste et sociologue américain, auteur de La
théorie de la classe de loisir (1899).
Hervé
Kempf, Comment les riches détruisent la planète, 2007.
2) Ecriture personnelle :
Pensez-vous que les hommes peuvent modérer leur besoin d'objets ?
Bonjour,
RépondreSupprimerOù peut on trouver un corrigé de cette synthèse?
Cliquez tout en haut à droite de la page d'accueil sur "organiser une partie de synthèse" (pages), vous trouverez une partie d'un corrigé.
RépondreSupprimerBonjour, un corrigé complet est-il disponible svp?
RépondreSupprimerJ'aimerais pouvoir donner un support fiable à mes élèves.
Merci d'avance
Non, pas de corrigé complet. Juste le plan suivant :
Supprimer1) Types de comportement vis à vis des objets
2) Raison et limites de ces comportements
ou :
1) Les objets répondent à un désir de l'homme.
2) Cependant, ce désir peut être modéré ou effréné.