mercredi 19 novembre 2014

Culte des objets : sujet de culture générale n°4

1) Vous ferez une synthèse concise, objective et ordonnée des documents suivants :

Document 1 :

On parle aussi du soi-disant fétichisme. Par fétiche on entend ordinairement des objets, des parties ou des qualités d’objets qui, par leurs rapports et leur association, forment un ensemble ou une personnalité capable de produire sur nous un vif intérêt ou un sentiment, d’exercer une sorte de charme, – (fetisso en portugais), – ou du moins une impression très profonde et particulièrement personnelle que n’explique nullement la valeur ni la qualité intrinsèque de l’objet symbolique 
Quand la personne qui est dans cet état d’esprit, pousse l’appréciation individuelle du fétiche jusqu’à l’exaltation, un cas de fétichisme se produit. Ce phénomène, très intéressant au point de vue psychologique, peut s’expliquer par une loi d’association empirique : le rapport qui existe entre une représentation fractionnelle et une représentation d’ensemble. L’essentiel dans ce cas c’est que l’accentuation du sentiment personnel provoqué par l’image fractionnelle se manifeste dans le sens d’une émotion de plaisir. Ce phénomène se rencontre surtout dans deux ordres d’idées qui ont entre elles une affinité psychique : l’idée religieuse et les conceptions érotiques. Le fétichisme religieux a d’autres liens et une autre signification que le fétichisme sexuel. Le premier naît de cette idée fixe que l’objet revêtu du prestige de fétiche ou l’idole n’est pas un simple symbole, mais possède des qualités divines, ou bien il lui attribue par superstition une puissance miraculeuse (reliques), certaines vertus protectrices (amulettes).
Il n’en est pas de même dans le fétichisme érotique. Celui-ci est psychologiquement motivé par le fait que des qualités physiques ou psychiques d’une personne, ou même des qualités d’objets dont cette personne se sert, deviennent un fétiche, en éveillant par association d’idées une image d’ensemble et en produisant une vive sensation de volupté. Il y a analogie avec le fétichisme religieux en ce sens : que bien souvent des objets insignifiants (des os, des ongles, des cheveux, etc.) servent de fétiches et peuvent provoquer des sensations de plaisir qui vont jusqu’à l’extase.

Richard von Krafft-Ebing, Psychopathia sexualis, 1886.

Document 2 :

Les renseignements fournis par l'analyse sur le sens et la visée du fétiche étaient les mêmes dans tous les cas. Ils se déduisaient si spontanément et m'apparurent si contraignants que je suis prêt à m'attendre à ce que tous les cas de fétichisme aient une même solution générale. Je vais certainement décevoir en disant que le fétiche est un substitut du pénis. Je m'empresse donc d'ajouter qu'il ne s'agit pas du substitut de n'importe quel pénis mais d'un certain pénis tout à fait particulier qui a une grande signification pour le début de l'enfance et disparaît ensuite. C'est-à-dire qu'il aurait dû être normalement abandonné mais que le fétiche est justement là pour le garantir contre la disparition. Je dirai plus clairement que le fétiche est le substitut du phallus de la femme (la mère) auquel a cru le petit enfant et auquel, nous savons pourquoi, il ne veut pas renoncer. Le processus était donc celui-ci : l'enfant s'était refusé à prendre connaissance de la réalité de sa perception : la femme ne possède pas de pénis. Non, ce ne peut être vrai car si la femme est châtrée, une menace pèse sur la possession de son propre pénis à lui, ce contre quoi se rebelle cette portion de narcissisme que la Nature prévoyante a justement attaché à cet organe. (...)
Il n'est pas juste de dire que l'enfant ayant observé une femme a sauvé sans la modifier sa croyance que la femme a un phallus. Il a conservé cette croyance mais il l'a aussi abandonnée ; dans le conflit entre le poids de la perception non souhaitée et la force du contre-désir il en est arrivé à un compromis comme il n'en est de possible que sous la domination des lois de la pensée inconsciente - les processus primaires. Dans le psychisme de ce sujet la femme possède certes bien un pénis mais ce pénis n'est plus celui qu'il était avant. Quelque chose d'autre a pris sa place, a été désigné pour ainsi dire comme substitut et est devenu l'héritier de l'intérêt qui lui avait été porté auparavant. Mais cet intérêt est encore extraordinairement accru parce que l'horreur de la castration s'est érigé un monument en créant ce substitut. (...)
On voit maintenant ce que le fétiche accomplit et ce par quoi il est maintenu. Il demeure le signe d'un triomphe sur la menace de castration et une protection contre cette menace, il épargne aussi au fétichiste de devenir homosexuel en prêtant à la femme ce caractère par lequel elle devient supportable en tant qu'objet sexuel. Dans la suite de sa vie le fétichiste croit jouir encore d'un autre avantage de ce substitut des organes génitaux. Le fétiche, dans sa signification, n'est pas reconnu par d'autres, c'est pourquoi on ne le refuse pas, il est facilement abordable, la satisfaction sexuelle qui y est attachée est aisée à obtenir. (...)
On devrait s'attendre à ce que comme substitut de ce phallus qui manque à la femme on choisisse des objets ou des organes qui représentent aussi des symboles du pénis. Cela peut être assez souvent le cas mais ce n'est en tout cas pas décisif. Dans l'instauration d'un fétiche il semble bien plus que l'on a affaire à un processus qui rappelle la halte du souvenir dans l'amnésie traumatique. Ici aussi l'intérêt demeure comme laissé en chemin ; la dernière impression de l'inquiétant du traumatisant en quelque sorte sera retenue comme fétiche.

Freud, Fétichisme, 1927.

Document 3 :

Les baskets sont aujourd’hui les accessoires de modes les plus prisés des trottoirs de New-York, Londres, Tokyo ou Paris. Athlètes, designers, rappeurs, graffiti artistes, génies du marketing et collectionneurs de tout bord ont fait de la basket l’une des sagas les plus extraordinaires et les plus symptomatiques du 21ème siècle. Comment un accessoire de sports en salle devient-il l’objet d’un véritable culte et d’un monstrueux business alimenté par une compétition sauvage entre géantes multinationales?
Pour comprendre cette gigantesque folie, il faut revenir au milieu des années 70 à New-York, où nait dans le Bronx un nouveau mouvement culturel : Le Hip-Hop.
La culture hip-hop connaît alors quatre principales disciplines : le deejaying, le rap, le b-boying (breakdance) et le graffiti, et que ce soit pour courir ou pour danser, la basket reste irrémédiablement la plus confortable. La panoplie du parfait break danseur se construit petit à petit : Chapeau Kangol, tee-shirt en nylon, jeans et bien évidemment sneakers propres et/ou neuves.
New-York devient la Mecque de la basket, les gens ne se regardent plus dans les yeux, ils se regardent à travers leurs chaussures. Par apagogie, les chaussures deviennent-elles le miroir de l’âme? Il faut croire, les b-boys à l’époque ne voient que par leurs chaussures, qui se doivent d’être en permanence impeccables… Les chaussures deviennent un moyen de distinction sociale et la grandeur d’un homme se mesure désormais à son indice de réflexion (dans le sens physique du terme…) : « plus on brille, plus on assure »
Dans les premiers concerts de quartiers, la plupart des rappeurs portent le look b-boys.
Au moment d’enregistrer leurs premiers disques, la question de l’image qu’ils souhaitaient présenter au grand public, leur a fait faire n’importe quoi! Un mix étrange entre Batman, Freddie Mercury et les Village People. Personne ne savait comment le hip-hop allait évoluer et les premiers l’ont assimilé à de la pop…
En 1982, Run-D.M.C. refuse catégoriquement de se conformer au modèle pop en arborant fièrement sur scène les mêmes fringues qu’ils portent dans la rue : sportshoes Adidas without lace-up, jeans en bas des fesses without ceintures, un style bien à eux qui a trouvé son origine dans les prisons. (...)
C’est en tournant dans tous les Etats-Unis que les Run-D.M.C. ont constaté une chose très simple : de Géorgie à Boston, en Caroline du Sud et du Nord, à Chicago, TOUS sans exceptions portaient des Adidas… Et ce n’était pas une coïncidence, aussitôt, Run-D.M.C. signait LE premier contrat sponsoring non-sportif pour montant de 1 million de dollars.
A partir de là, les autres marques sportives ont suivi… Fila et Fresh Gordon, Nike et Heavy D., Converse et Busy Bee ou encore un Adidas qui double la mise avec les Beastie Boys. Les habitudes de consommation changent et 50% des paires de chaussures vendues ne sont désormais pas dévolues à une pratique sportive.
Plus tard, c’est au tour de Michael Jordan et à ses chaussures rouges et noires,  de représenter la marque Nike. L’historique Air Jordan, qui connait encore aujourd’hui un succès considérable, sera la première chaussure à obtenir son rôle dans un long-métrage.
Les baskets sont alors clairement le symbole hip-hop et l’objet de toutes les convoitises. Dans les années 90, un américain sur douze porte une paire de Air Jordan et celle-ci se volaient au moins aussi facilement que se volent aujourd’hui les iPhones… Se faire planter pour un iPhone ça craint, pour des chaussures, c’est pire.
Toute une culture se crée autour de la sneaker et les spécialistes ne sont pas en manque. Tels de véritables collectionneurs, on parle à l’époque de chasse à la sneaker : la chasse aux stocks inédits et chaussures épuisées. Et le vice ne s’arrête pas là…Pour être dans le coup, il ne suffit plus d’une paire de chaussure, il faut 3 à 10 exemplaires de chaque modèle… Au minimum trois : une pour maintenant, une pour dans cinq ans et une pour la collection.
Les sneakers deviennent alors une obsession si bien que certains passionnés n’arrivent plus à choisir quelles chaussures porter tellement ils en ont! Exemple de folie, Damon Dash possède plus de 2000 paires de chaussures, triées par marque et par couleur… De quoi porter des chaussures neuves tout les jours pendant plus de 5 ans.
Cependant, la basket référence reste la Nike, et notamment la Air Force One. Tout New-York la portait, basketteurs, gangsters, rappeurs… Les plus grands influenceurs tels que Jay-Z ou Damon Dash l’ont portée. En 2002, 250 000 paires de Air Jordan sont vendues aux Etats-Unis, contre 15 millions de Air Force One. Cette chaussure devient le modèle le plus vendu de l’histoire grâce au Hip-hop et à la culture de la rue… Le budget du plan de communication sur ce modèle s’élève à zéro dollars, nada, niente….
La suite? Comme d’habitude, les marques concurrentes ont pris exemple… En 2003, Jay-Z signe un partenariat avec Reebok et lance sa propre ligne. La S. Carter, qui avait été édité à seulement 10 000 exemplaires connait un succès considérable et tous les stocks sont épuisés en moins d’une heure. La racaille la plus réputée du rap américain sera signée par Reebok sous la filiale Rbk. Les deux plus gros contrats, 50 cents et Jay-Z, pulvériseront tous les records de l’histoire de la marque avec une augmentation de vente de plus de 350%. Dans la foulée, Pharrell Williams s’associe à A Bathing Ape et lance la ligne Ice Cream. Missy Elliot signe avec Adidas, et même Nike refait visiter ses modèles cultes par des ex-vandales.
Le business de la basket est aujourd’hui estimé à plus de 26 milliards de dollars dans le monde dont 20% proviennent du sport et 80% du hip-hop et de la mode urbaine, autrement dit, le lifestyle. Alors, on dit quoi? Merci la culture hip-hop…

Mathieu Badier, "Sneakers, le culte des baskets", www.digitalsport.fr

Document 4 :




Max Berliti, "Adidas Stan Smith sneaker burger".
Max Berliti est un artiste peintre graffeur français contemporain.

2) Les cultes des objets obéissent-ils à des logiques différentes ?

10 commentaires:

  1. Je viens travailler dessus: c'est dur, dur!!!

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    1. J'ai rédigé la rédaction de la synthèse si vous souhaitez la recevoir envoyez moi votre mail..
      BIEN A VOUS.
      ISABELLE ROUX

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    2. Bonjour,

      Le sujet sur le fétichisme me semble incontournable mais je trouve les deux premiers textes vraiment difficiles. Je serais vraiment intéressé par votre travail sur ce sujet de synthèse.
      Bien cordialement,
      David Martin
      mon e-mail : dmartin145@hotmail.com

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    3. bonjour,
      j'aimerai consulter votre rédaction. Voici mon mail zanifu@get2mail.fr
      Cordialement

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    4. bonjour,
      j'aimerai pouvoir consulter votre synthèse, ainsi que votre tableau de confrontation si vous l'avez réalisé.
      mon mail : regaldine@live.fr
      merci par avance

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    5. Bonjour,
      je souhaite consulter votre synthese merci de me faire parvenir tous vos documents.
      tm.rollando@Laposte.net

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    6. Bonjour, je suis intéressé par votre synthèse.
      Vous pouvez me la faire parvenir a l'adresse flobu31@hotmail.fr
      Merci d'avance pour votre réponse,
      Cordialement.

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    7. Bonjour,
      Je suis également intéressé par votre synthèse Isabelle Roux car je galère ...
      Voici mon adresse mail :blondehorse44@hotmail.fr
      Merci d'avance
      Cordialement

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  2. Une certaine Isabelle Roux propose une rédaction (commentaire du 12/03/05) mais elle n'a pas laissé de mail.

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  3. Bonjour,
    Serait-il possible de m'envoyer votre synthèse ?
    AMACLE@ims-nantes.com
    En vous remerciant,
    Cordialement.

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