1) Vous ferez une synthèse objective,
concise et ordonnée des documents suivants :
Document 1 :
Qui n'a jamais
douté du hasard lorsqu'un événement extraordinaire se produit ? A défaut
d'explications, certains attribuent ces phénomènes à la chance, au destin ou à
une volonté supérieure.
Ces réactions
découlent toutefois de plusieurs principes psychologiques qui peuvent être
facilement mis en évidence.
Conception
erronée du hasard :
On demande à
quelqu'un de tirer dix fois aux dés. Selon vous, quelle est la suite la plus
probable:
Évidemment, la
grande majorité des personnes choisiraient le premier cas de figure. Pourtant,
ces deux résultats ont exactement la même probabilité de se réaliser.
La difficulté
que nous éprouvons à assimiler cette affirmation est due à notre vision faussée
du hasard. En effet, les événements aléatoires devraient selon nous être
dispersés de manière égale.
Par exemple, la
probabilité de tirer à pile ou face est de 50% dans les deux cas. Notre logique
voudrait donc que les valeurs finales soient non-seulement équivalentes à ce
ratio, c'est-à-dire moitié pile et moitié face, mais en plus alternées entre
elles sans paraître trop ordonnées.
Ce rapport est
toutefois valable uniquement sur un très grand nombre de tirages, ce qui n'est
pas le cas des événements de notre quotidien. Une série de faits peut donc nous
paraître exceptionnelle alors qu'il s'agit en réalité d'un déroulement
parfaitement ordinaire.
"Les coïncidences sont-elles dues au hasard ?", intra-science.com
"Les coïncidences sont-elles dues au hasard ?", intra-science.com
Document 2 :
UNE COMMUNICATION ?
MADELEINE QUI VEILLAIT
J'ai dîné chez mon ami peintre
Jean Villeri. Il est plus de onze heures. Le métro me ramène à mon
domicile. Je change de rame à la station Trocadéro. Alourdi par une fatigue
agréable, j'écoute distraitement résonner mon pas dans le couloir des
correspondances. Soudain une jeune femme, qui vient en sens inverse, m'aborde
après m'avoir, je crois, longuement dévisagé. Elle m'adresse une demande pour
le moins inattendue : « Vous n'auriez pas une feuille de papier à
lettres, Monsieur ? » Sur ma réponse négative et sans doute devant
mon air amusé, elle ajoute : « Cela vous paraît drôle ? »
Je réponds non, certes, ce propos ou un autre... Elle prononce avec une nuance
de regret : « Pourtant ! » Sa maigreur, sa pâleur et
l'éclat de ses yeux sont extrêmes. Elle marche avec cette aisance des mauvais
métiers qui est aussi la mienne. Je cherche en vain à cette silhouette fâcheuse
quelque beauté. Il est certain que l'ovale du visage, le front, le regard
surtout doivent retenir l'attention, troubler. Mais de là à s'enquérir !
Je ne songe qu'à fausser compagnie. Je suis arrivé devant la rame de
Saint-Cloud et je monte rapidement. Elle s'élance derrière moi. Je fais
quelques pas dans le wagon pour m'éloigner et rompre. Sans résultat. A
Michel-Ange-Molitor je m'empresse de descendre. Mais le léger pas me poursuit et
me rattrape. Le timbre de la voix s'est modifié. Un ton de prière sans
humilité. En quelques mots paisibles je précise que les choses doivent en
rester là. Elle dit alors : « Vous ne comprenez pas, oh non ! Ce
n'est pas ce que vous croyez. » L'air de la nuit que nous atteignons donne
de la grâce à son effronterie : « Me voyez-vous dans les couloirs
déserts d'une station, que les gens sont pressés de quitter, proposer la
galante aventure ? - Où habitez-vous ? - Très loin d'ici. Vous ne
connaissez pas. » Le souvenir de la quête des énigmes, au temps de ma
découverte de la vie et de la poésie, me revient à l'esprit. Je le chasse,
agacé. « Je ne suis pas tenté par l'impossible comme autrefois (je mens).
J'ai trop vu souffrir... (quelle indécence!) » Et sa réponse :
« Croire à nouveau ne fait pas qu'il y aura davantage de souffrance.
Restez accueillant. Vous ne vous verrez pas mourir. » Elle sourit :
« Comme la nuit est humide ! » Je la sens ainsi. La rue Boileau,
d'habitude provinciale et rassurante, est blanche de gelée, mais je cherche en
vain la trace des étoiles dans le ciel. J'observe de biais la jeune
femme : « Comment vous appelez-vous, mon petit ? -
Madeleine. » A vrai dire, son nom ne m'a pas surpris. J'ai terminé dans
l'après-midi Madeleine à la veilleuse, inspiré par le tableau de Georges
de la Tour dont l'interrogation est si actuelle. Ce poème m'a coûté. Comment ne
pas entrevoir, dans cette passante opiniâtre, sa vérification ? A deux
reprises déjà, pour d'autres particulièrement coûteux poèmes, la même aventure
m'advint. Je n'ai nulle difficulté à m'en convaincre. L'accès d'une couche
profonde d'émotion et de vision est propice au surgissement du grand réel. On ne
l'atteint pas sans quelque remerciement de l'oracle. Je ne pense pas qu'il soit
absurde de l'affirmer. Je ne suis pas le seul à qui ces rares preuves sont
parfois foncièrement accordées. « Madeleine, vous avez été très bonne et
très patiente. Allons ensemble, encore, voulez-vous ? » Nous marchons
dans une intelligence d'ombres parfaite. J'ai pris le bras de la jeune femme et
j'éprouve ces similitudes que la sensation de la maigreur éveille. Elles
disparaissent presque aussitôt, ne laissant place qu'à l'intense solitude et à
la complète faveur à la fois, que je ressentis quand j'eus mis le point final à
l'écriture de mon poème. Il est minuit et demi. Avenue de Versailles, la
lumière du métro Javel, pâle, monte de terre. « Je vous dis adieu, ici »
J'hésite, mais le frêle corps se libère. « Embrassez-moi, que je parte
heureuse... » Je prends sa tête dans mes mains et la baise aux yeux et sur
les cheveux. Madeleine s'en va, s'efface au bas des marches de l'escalier du
métro dont les portes de fer vont être bientôt tirées et sont déjà prêtes.
Je jure que tout ceci est vrai et
m'est arrivé, n'étant pas sans amour, comme j'en fais le récit, cette nuit de
janvier.
La réalité noble ne se dérobe pas
à qui la rencontre pour l'estimer et non pour l'insulter ou la faire
prisonnière. Là est l'unique condition que nous ne sommes pas toujours assez
purs pour remplir.
1948
René Char, Recherche de la base et du sommet, Gallimard, 1955.
Document 3 :
Le hasard ! Ce mot répond-il à
une idée qui ait sa consistance propre, son objet hors de nous, et ses
conséquences qu’il ne dépend pas de nous d’éluder, ou n’est-ce qu’un vain son, flatus
vocis, qui nous servirait, comme l’a dit Laplace, à déguiser l’ignorance où
nous serions des véritables causes ? À cet égard notre profession de foi est
faite depuis longtemps, et déjà nous l’avons rappelée incidemment dans le cours
des présentes études. Non, le mot de hasard n’est pas sans relation avec la
réalité extérieure ; il exprime une idée qui a sa manifestation dans des
phénomènes observables et une efficacité dont il est tenu compte dans le
gouvernement du Monde ; une idée fondée en raison, même pour des intelligences
fort supérieures à l’intelligence humaine et qui pénétraient dans une multitude
de causes que nous ignorons. Cette idée est celle de l’indépendance et de la
rencontre accidentelle de diverses chaînes ou séries de causes : soit que l’on
puisse trouver, en remontant plus haut, l’anneau commun où elles se rattachent
et à partir duquel elles se séparent ; soit qu’on suppose (car ce ne peut être
qu’une hypothèse) qu’elles conserveraient leur mutuelle indépendance, si haut
que l’on remontât. Une tuile tombe d’un toit, soit que je passe ou que je ne
passe pas dans la rue ; il n’y a nulle connexion, nulle solidarité, nulle
dépendance entre les causes qui amènent la chute de la tuile et celles qui
m’ont fait sortir de chez moi pour porter une lettre à la poste. La tuile me
tombe sur la tête et voilà le vieux logicien mis définitivement hors de service
: c’est une rencontre fortuite ou qui a lieu par hasard. La proposition a un
sens également vrai pour qui connaît et pour qui ne connaît pas les causes, qui
ont fait tomber la tuile et celles qui m’ont fait sortir de chez moi. Les faits
qui arrivent par hasard ou par combinaison fortuite, bien loin de déroger à
l’idée de causalité, bien loin d’être des effets sans cause, exigent pour leur
production le concours de plusieurs causes ou séries de causes. Le caractère de
fortuité ne tient qu’au caractère d’indépendance des causes concourantes. Si la
combinaison fortuite offre quelque singularité, cette singularité même a une
cause, mais elle n’a pas de raison, et voilà pourquoi elle nous frappe, nous
dont l’esprit est dès l’enfance habitué à chercher toujours et à trouver
quelquefois la raison des choses. À un tirage d’obligations je gagne la prime
de cent mille francs et je la gagne par hasard : car on s’était arrangé pour
qu’il n’y eût nulle liaison entre les causes qui ont influé sur le placement
des numéros et celles qui ont amené l’extraction du numéro gagnant. Cependant,
comme il faut bien que quelqu’un gagne la prime, la combinaison fortuite qui me
l’attribue, toujours fort remarquable pour moi, ne sera remarquée du public que
si je suis, par un autre hasard, un pauvre diable ou un millionnaire, un
savetier ou un financier.
A. A. Cournot, Matérialisme, vitalisme, rationalisme, 1875. (source : http://archipope.over-blog.com/article-12023717.html)
Document 4 :
Dans la multitude de faits vécus
ou d'informations perçues, il se produit naturellement des coïncidences de
temps en temps, c'est-à-dire des rencontres fortuites ou des événements
simultanés présentant une ressemblance. De telles coïncidences sont en général d'une
grande banalité et explicables par le calcul des probabilités.
Ainsi, vous rencontrez des
voisins ou des amis pendant vos vacances ou vous remarquez en parlant à un
inconnu que vous avez un ami commun. Autres exemples : vous pensez à votre
cousine Céline qui vous téléphone tous les mois environ, et elle vous appelle à
ce moment-là ; vous prononcez un mot et vous l'entendez au même moment à la
télévision.
La loi
des séries :
La loi des séries ou sérialité a
été étudiée par le biologiste Kammerer. Elle peut être définie comme la
répétition d'événements, choses, ou symboles identiques ou analogues dans le
temps et/ou dans l'espace, par exemple :
- l'annonce le même jour de
plusieurs accidents de même nature ;
- une suite d'événements vécus
par une personne, soit heureux (période de chance), soit défavorables (série
noire) ;
- la répétition de faits inopinés
semblables. Ainsi, vous êtes invité à dîner et la maîtresse de maison
vous sert du bœuf miroton. Or, l'avant-veille, vous aviez déjà mangé ce plat
chez vous et la veille chez des parents.
- au loto, la sortie d'un même
numéro plusieurs tirages de suite (sérialité dans le temps) ou de plusieurs
numéros voisins au même tirage (sérialité dans l'espace).
Les coïncidences et la sérialité
font partie de notre jardin secret. Pour nous-mêmes, elles paraissent avoir une
grande importance, mais il n'est pas toujours facile d'en faire partager
l'intérêt par les autres. Cette observation est valable également pour la
synchronicité.
Les
coïncidences signifiantes ou synchronicités :
Il nous arrive parfois de
rencontrer une coïncidence présentant un caractère mystérieux, nous laissant un
sentiment troublant et indéfinissable. Il s'agit d'une sorte de «clin d’œil»
du destin que Jung a appelé synchronicité. On dit alors que la coïncidence est
chargée de sens, qu'elle est signifiante. Celle-ci se caractérise également par
le fait que le psychisme de la personne est plus impliquée que dans le cas
d'une simple coïncidence, et, qu'en outre, la probabilité de sa survenue est
plus faible. Nous nous sentons alors prendre une certaine importance dans
l'immense univers habituellement indifférent à notre modeste personnage.
Jung définit comme suit la
synchronicité : coïncidence temporelle sans lien causal entre un état psychique
donné et un ou plusieurs événements extérieurs objectifs offrant un
parallélisme de sens avec cet état subjectif du moment, l'inverse pouvant aussi
se produire.
Un
exemple :
Je demeure à Nice depuis quelques
mois et, en ce moment, je souffre d'un torticolis très douloureux. Voilà
longtemps que je n'ai pas eu une telle crise, la dernière remontant à l'époque
où j'habitais Paris.
Ce matin, je me souviens de mon
docteur parisien qui m'avait soigné pour une arthrose cervicale. Je vais faire
quelques achats avenue Jean Médecin et, soudain, je tombe nez à nez avec ce
praticien qui se trouve à Nice à l'occasion d'un congrès.
Non seulement, je pense à mon
médecin parisien et je le rencontre une heure après à Nice, mais cela se
passe avenue Jean Médecin.
Jean Moisset, "Mystère des coïncidences", science-et-magie.com
2) Écriture
personnelle :
L'imprévisible est-il extraordinaire ?
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