vendredi 3 avril 2015

addiction au portable? (billet d'humeur)

Attention! Les objets, ça peut être dangereux ! Les objets connectés en particulier. Surtout eux... L'ordinateur, le portable... La télé, la voiture, non, beaucoup moins. On n'en parle plus, c'est entré dans les mœurs. La voiture, ça tue mais tant pis. Ça pollue mais tant pis. Les particules à Paris ? Oh! on est habitués! La télé ça rend con mais y a pas de mal... Mais le portable! Vous savez le portable c'est réellement dangereux. Oui, ça produit des addictions. On ne peut plus s'en passer. Vous avez déjà vu des gens jeter leur portable? Non. Eh ben voyez! Vous en connaissez qui ont décidé de plus l'utiliser? Ou de ne s'en servir que les jours pairs? Non. Eh ben voyez, c'est ça une addiction. C'est comme une drogue, les objets connectés. La même dose fait de moins en moins d'effet, on s'y habitue, alors il faut les utiliser toujours plus. Ça commence par quelques SMS par jour et puis c'est l'escalade, dix, cent, mille, les forfaits explosent et pof on se suicide! Donc, attention. J'ai un étudiant, comme ça. Il me l'a avoué, oui, il utilise son portable environ quatre heures par jour. Vous vous rendez compte! Deux heures dans les transports en commun (oui, il habite loin du lycée). Il pourrait parler avec ses voisins de RER, discuter, sympathiser, c'est vrai quoi, la convivialité, les gens n'attendent que ça dans le métro. Eh ben, non, il s'isole. Dans sa bulle! Vous voyez le topo, on commence comme ça et on finit sociopathe. Un jeune homme dans une bulle, mais c'est très malsain ça. C'est tellement mieux de regarder les voyageurs, de leur sourire ou alors, à défaut, si on est vraiment timide, de lire Le Monde ou... Bergson. Oui, Bergson c'est pas mal... Plus une heure à la pause déjeuner, après son sandwich, parce qu'il ne sait pas quoi faire dans la rue, ou dans la cour. Il pourrait aborder les gens dans la rue, je sais pas, ou faire une partie de tarots avec des camarades, les tarots, c'est pas addictif au moins. Et encore une heure chez lui, il envoie des SMS à sa copine (elle habite loin), il l'appelle, ils échangent des photos, bon c'est pas un dialogue très approfondi, ils sont amoureux, alors, ils parlent pour parler, des bêtises sentimentales, du bavardage, quoi, de la sous-parole! De l'inanité sonore, le genre de choses que les jeunes se disent sur les chats, les messageries, les portables, du babillage plein de complaisance, du vide... Et voilà, quatre heures par jour environ. Et ce sera de pire en pire puisque c'est une addiction. Mais oui, tout le monde en parle, c'est des psy qui le disent. Alors vous pensez, si c'est des psy. Cet élève, là, il va finir par devoir faire une thérapie. Se désintoxiquer. C'est comme les gens sur leur ordinateur. Il paraît qu'il y en a qui ne sont plus sortis de chez eux depuis six ans! Vous vous rendez compte? Des drogués. Comme quoi, les objets ça peut être dangereux. Pas les armes, non, ça on n'en parle pas, le portable, l'ordinateur...Comme dit l'autre, un psy, le smartphone c'est un doudou. Ils régressent complètement, ces jeunes, et en plus c'est un objet narcissique. Oh la la! alors là c'est grave, narcissique... Ça veut dire quoi? Ben vous savez, pervers narcissique quoi... C'est des gens qui s'aiment, quelle horreur! Et ils finissent par trouver que l'enfer c'est les autres... Une régression narcissique, voilà à quoi ça mène, le portable...Et l'ordinateur, c'est pas mieux. Je connais une étudiante, elle est devenue l'esclave de son Mac, elle le quitte plus, elle ne fait rien sans lui. Il faut toujours qu'elle le consulte pour la moindre décision, vous vous rendez compte, le jour où il la lâchera, c'est la déprime assurée. Et maintenant, elle fait tout sur le net, au lieu d'aller au supermarché pour rencontrer des vrais gens, elle achète en ligne, au lieu d'aller discuter au café avec ses copains, non, elle tapote des messages sur son écran, c'est le début de la mort du petit commerce, quoi. Une vraie prison, internet. Ça craint. Ils vont s'asphyxier l'intelligence sur le web, avec toutes ces infos qui ne sont même pas vérifiées. Tiens, par exemple, Wikipédia raconte de ces trucs! Que le trouble d'addiction à internet ce serait un canular lancé par un médecin au départ, le docteur Goldberg, c'est malin, il aurait pris comme modèle le jeu pathologique, et hop des tas de psy et autres seraient tombés dans le panneau, et tout le monde en discute maintenant, savoir s'il faut mettre cette addiction dans le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, non mais n'importe quoi, Wikipédia... Le jeu, d'accord, y a toujours eu des mordus, la télé, la bagnole, oui, oui, on sait, il y en a qui passent leur temps à la bichonner, à la nettoyer, à la tuner, qui claquent tout leur fric dedans, mais la voiture c'est sain, c'est pas une addiction, c'est normal, la voiture même si ça pourrit la vie des citadins c'est un objet qui coupe pas de la réalité, au contraire. Et puis, il faut bien se faire un peu plaisir dans la vie, non? Sans la voiture, la télé, le loto, le beaujolais, la lecture du Monde, la pétanque, ce serait quand même moins rigolo, moins enrichissant, une bonne bouteille, un journal, une auto, ça risque pas de faire de vous un gros pervers narcissique complètement déconnecté de la réalité, un nolife perdu dans les limbes du virtuel sans aucun lien à soi ni aux autres!


note : Selon l'INSERM Les experts du DSM ne recensent comme addiction que les dépendances aux substances et celle au jeu d’argent. Les usages intensifs de jeux vidéo, de smartphone, l’hyperactivité sexuelle ou professionnelle ne sont pas, à ce jour, considérés comme d’authentiques addictions car on ne dispose pas de données scientifiques convaincantes.

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